(lettre emmenée par des membres du groupe "Les Timbré-e-s" lors de la réunion d'hiver de l'AMP europe à Linz, autriche, février 2005)
Nous (un groupe de personnes de l'espace francophone, impliquées dans le réseau "Sans-Titre"), avons décidé de proposer d'être convenors pour la prochaine conférence de PGA europe.
Sans Titre est un réseau de groupes et d'individus impliqué-e-s dans des espaces d'autonomie et d'alternative (autant dans des squats en milieu urbain que dans des projets en milieu rural...), des luttes anticapitalistes et anti-autoritaires. Nous faisons des réunions Sans-Titre tous les deux mois depuis la caravane inter-continentale de 99. Ces rencontres sont l'occasion de passer 4 ou 5 jours ensemble, dans un endroit différent à chaque fois, pour se faire des ami-e-s d'une part, mais aussi développer des projets d'actions ou d'espaces de vie, avoir des discussions théoriques de fond, faire des jeux, échanger à propos de ce qui se passe dans nos vies et collectifs, ainsi que publier un bulletin bi-mensuel.
Les réunions Sans-Titre rassemblent entre 10 et 50 personnes, selon les thématiques, les endroits, les moments et les individus. Sans-Titre n'a ni membres ni représentant-e-s, mais a une sorte de charte (voir plus bas).
Au travers de Sans-Titre, des gens ont été impliqués dans le réseau AMP, et les principes de base de ces deux réseaux sont proches depuis le début.
Au travers de Sans-Titre, des gens se sont impliqués dans divers projets comme les journées mondiales d'actions, la caravane anti-capitaliste, le camp No Border à strasbourg, la caravane permanente, des initiatives de soutien intersquat et différents autres types d'actions, de projets, et d'amitiés, plus localisées.
Voilà les conditions que "nous" (ce groupe de gens, qui n'est pas "le réseau Sans-Titre" entier) voulons affirmer si nous devenons convenors :
A- Nous avons envie que la dynamique en europe de l'est (Balkans compris), initiée avec la conférence de belgrade, continue. Si des gens ou groupes d'europe de l'est se proposent d'être convenors, alors nous affirmerons que c'est une priorité de faire la prochaine conférence là-bas et nous sommes prêt-e-s à les aider.
Néanmoins, au vu des problèmes internes et conflits observés lors de la conférence à belgrade et de sa préparation, nous voulons avoir la possibilité d'analyser et remettre en question les situations locales sans pour autant que tout ce que l'on dise ne soit rejeté (autant par nous-mêmes que par d'autres personnes) sous prétexte d'impérialisme "occidentalo-centré". Nous admettons que nous pouvons parfois avoir une approche digne d'un "ghetto occidentalo-centré radical" - que nous essayons de remettre en question - mais voulons aussi comprendre et interagir avec des contextes et groupes locaux dans le but de contribuer à la résolution de certains types de problèmes communs à tous les groupes, au-delà des contextes spécifiques locaux (structures hiérarchiques, comportements "politicards", manques de ressources, etc.).
Même s'il n'y a pas de candidats des balkans ou d'europe de l'est, si notre proposition est acceptée, il restera crucial de continuer à travailler spécifiquement avec des organisations de là-bas sur le développement de cette dynamique, et nous tenterons de développer les contacts et la collaboration durant la préparation de la conférence.
B- Clarifier la distinction entre ce convenor potentiel et "SansTitre"
Nous ne sommes qu'un groupe de gens de divers endroits dans l'espace francophone, impliqués dans différents collectifs liés à Sans-Titre.
Nous avons le sentiment (et l'espoir) que nous sommes assez motivé-e-s et nombreux-euses pour être les prochains convenors. Nous nous connaissons les un-e-s les autres, avons des pratiques communes et l'expérience de travailler ensemble. Si notre proposition d'être convenors est acceptée, nous formerons un groupe spécifique avec son nom propre pour l'organisation de la prochaine conférence, et nous travaillerons indépendemment, mais aussi en interaction, avec le réseau "Sans-Titre". Ceci signifie clairement que des gens impliqués dans Sans Titre ne veulent pas et ne se sentent pas impliqués dans ce projet de conférence, qui sera donc le projet autonome d'un groupe lié à Sans-Titre. Nous ne voulons pas que des gens se sentent reponsables d'un projet décidé par d'autres.
Nous voulons aussi nous et vous rappeler que l'AMP et"Sans Titre" partagent les mêmes principes anti-autoritaires, parmi lesquels : "ces réseaux ne représentent personne et personne ne représente ces réseaux". De plus, et sans nécessairement voir le diable de partout, nous voulons exprimer nos craintes à propos de la manière dont certains individus ou groupes utilisent parfois le nom de réseaux comme l'AMP afin de renforcer leur pouvoir ou leur carrière par le biais de comportements politicards qui n'ont pas grand chose à voir avec des politiques "de la base". ("grassroots")
C-Promouvoir les idées et formes d'organisation suivantes :
Voilà quelques idée (ce n'est pas une liste exhaustive) de choses sur lesquelles nous aimerions nous concentrer, dont nous souhaitons nous préoccuper.
Une partie de ces motivations vient du processus de discussions et d'expérimentations qui ont eu lieu dans "Sans-Titre", autour de notre implication dans l'AMP et dans l'organisation de grosses réunions, de gros camps d'actions comme le No Border Camp à strasbourg. Nous savons que ces quelques points sont déjà en partie présents dans le processus AMP (et ont par exemple été des sujets présents lors de la dernière conférence). Nous voulons juste insister sur le fait que nous sommes particulièrement motivé-e-s pour développer des discussions et pratiques allant dans ces directions.
Ce n'est aussi pour nous que le début des débats à propos de ce que nous voudrions faire de cette prochaine conférence.
Ces orientations n'excluent pas d'enrichir et de faire aussi les choses habituelles comme la coordination d'actions, les ateliers sur des sujets politiques et pratiques, le travail sur le processus AMP, blablabla.
- Nous voulons considérer la dimension organisationnelle des réunions et de la logistique de la vie quotidienne sur la conférence comme des questions politiques qui font partie du contenu. Elles ne peuvent être considérées comme des questions "de logistique" superflues, qui ne devraient être organisées de la manière la plus efficace possible afin de laisser les activistes discuter du "contenu".
- Nous voulons nous concentrer sur une organisation et une conceptualisation horizontales et collectives des tâches nécessaires lors de la conférence (de la facilitation et la formalisation des réunions à la résolution de conflits, de la traduction à la cuisine), insister sur l'auto-construction et les structures participatives (au travers de l'auto-construction d'espaces utiles si possible, l'autogestion des repas...), avoir divers échanges de savoirs et de compétences et éviter la spécialisation des tâches lorsqu'elle renforce les structures de pouvoir ou lorsqu'elle concerne les tâches quotidiennes comme le nettoyage ou la cuisine.
- Nous aimerions faire en sorte que les espaces nécessaires à la conférence soient construits pour le long terme et restent utiles au-delà pour les projets et gens locaux.
- Nous voulons développer les connexions avec la situation locale autour de la conférence : rencontrer des gens pour comprendre leurs problématiques et contextes locaux, contribuer à des projets et luttes locales, etc.
- Nous voulons développer des structrures et expériences de démocratie directe pendant la conférence et au sein du réseau, et trouver des manières de subvertir les relations de pouvoir et les hierarchies informelles.
- Nous pensons à des manières de décentraliser la conférence, mais la possibilité d'en faire quelque chose de possible et d'intéressant est toujours en débat.
- Nous aimerions avoir des discussions politiques et stratégiques à porpos des tendances dans le réseau à flirter avec les forums sociaux et, plus généralement, avec les organisations de types partis et lobbys politiques.
Bonus pour info : une sorte de "charte" de Sans Titre :
Manifeste en travaux
- Sans Titre est un réseau d'individuEs et de collectifs locaux qui pratique l'échange d'informations et la coordination de projets et actions au niveau local, régional et planétaire.
- Nous sommes pour l'autogestion et la réappropriation de nos vies, moyens et espaces d'existence. Nous rejetons entre autre le travail salarié, et, à la propriété privée nous répondons propriété d'usage. Nous nous efforçons de vivre nos idées et nous nous épanouissons dans nos pratiques quotidiennes et nos luttes qui forment un tout : planter et arracher des légumes ; lire ou faire un journal ; apprendre à faire des confitures ; faire l'amour ; rire entre amiEs ; soutenir des luttes et développer des pratiques solidaires au près comme au loin ; rédiger un compte rendu d'une réunion sans titre qui dure des plombes ; refuser l'échange marchand;....
- Nous faisons face à différents systèmes de domination et de discrimination. L'Etat et le capitalisme sont actuellement indissociables et solidaires. Tous deux trouvent notamment leur origine dans le patriarcat et l'identité masculine. Nous les rejetons de manière globale et nous nous efforçons d'en démonter les rouages et d'en identifier les acteureuses.
- Au sein de la société occidentale, historiquement et à l'heure actuelle, la science et le progrès sont orientés par le profit. La foi irraisonnée dans l'idée de progrès et dans le scientisme qui guide la société industrielle nous amène à jouer aux apprentiEs sorcierEs avec nos vies, notre organisme et nos moyens d'existence. Elle nous rend toujours plus dépendantEs de l'industrie et de la consommation. La complexité et la multiplicité des besoins créés par la société de consommation et la société industrielle est incompatible avec la mise en place d'alternatives locales et solidaires fondées sur le respect des êtres humains et de l'environnement. Celles-ci impliquent en effet une maîtrise directe de nos outils et ressources.
- Le lobbying, la représentativité ou toute forme de cogestion avec l'Etat et/ou les institutions nous apparaîssent comme une impasse. Elles ne font que renforcer ces dernières et neutraliser les volontés réelles de changement. Nous pronons plutôt la désertion active et l'autonomisation, la désobéissance et l'action concrète. Nous visons par ce biais à informer ou à créer des situation de rapport de force économique et politique. Nous pouvons choisir des démarches stratégiques de pression ou d'opposition dirècte vis-à-vis des pouvoirs en place.
- Nous fonctionnons sans hiérarchie. Notre mode de décision est collectif par la recherche du consensus. Les décisions n'engagent que celleux qui les prennent. Les groupes locaux et les individuEs sont autonomes. Sans Titre ne représente personne et personne ne peut représenter Sans Titre.
- Sans Titre est en lutte. Sans Titre réfléchit. Sans Titre propose. Sans Titre ne se prend pas au sérieux. Sans Titre est autonome. Sans Titre créé ses propres médias. Sans Titre n'existe pas, et jusqu'ici tout va bien. Oï.