VIA CAMPESINA

La souveraineté alimentaire pour contrer les multinationales

Des paysans du monde entier ont compris leurs intérêts communs et prônent les vertus des économies rurales.

Depuis une dizaine d'années, les agriculteurs du monde entier bâtissent des projets communs pour contrer la déferlante OMC. C'est ainsi que chaque région européenne, Suisse romande comprise -via l'Union des producteurs suisses (UPS)- adhère à la Coordination paysanne européenne (CPE). Cette coordination est elle-même membre de la Via campesina, un vaste mouvement agricole mondial, englobant tous les continents.

L'objectif de la Via campesina est de renforcer le mouvement mondial croissant des paysans, tout en préconisant la décentralisation de ses opérations. La Via campesina continue donc de consolider son travail régional et essaie d'établir des secrétariats continentaux (Asie, Afrique, Europe et Amérique).

Il s'agit, par cette voie paysanne, de concentrer l'opposition des paysans "contre l'agenda corporatif du commerce libéral mondial des produits agricoles. Les accords de commerce régionaux et, plus importante encore, l'OMC sont en train de détruire rapidement l'agriculture, la culture paysanne, de miner la biodiversité et la durabilité de l'environnement. Ils augmentent l'insécurité alimentaire", constate le Comité international de coordination de la Via campesina (ICC).

Cette alliance originale demande notamment l'arrêt immédiat de la dissémination d'organismes génétiquement manipulés. Et refuse catégoriquement les brevets sur le vivant (voir en page 5).

PORTEUSE D'ALTERNATIVES

"Toute négociation qui ignorera notre contribution échouera dans le projet d'éradiquer la pauvreté et la faim dans le monde". La Via campesina se veut porteuse d'alternatives paysannes réalistes et s'oppose aux arrangements destructeurs du modèle libéral mondial, tels que -entre autres- les Accords multilatéraux sur l'investissement (A.M.I.), négociations de l'OMC.

"Chaque région de la Via campesina et les organisations membres dirigeront des points spécifiques qui leur paraissent importants. Nous nous concentrons donc sur la souveraineté alimentaire, les ressources génétiques pour l'alimentation et l'agriculture, la biodiversité, les systèmes d'agriculture alternative, le commerce, la réforme agraire et les droits humains", précisent les responsables de la "Voie paysanne".

Ce mouvement paysan est loin d'être marginal. Des accords sont établis avec différentes organisations non-gouvernementales (ONG) afin de "travailler plus efficacement à l'objectif partagé de s'opposer au contrôle corporatif transnational sur les ressources et la vie des gens. Nous présenterons des propositions pour un vrai développement rural à des institutions internationales telles que l'IFAD, la Banque mondiale et la FAO", s'enthousiasment les leaders du mouvement.

Aux dernières nouvelles, le Comité international de Coordination de la Via campesina se réunira, en mai de cette année, à Genève pour préparer leur troisième conférence internationale qui s'ouvrira, en octobre 1999, à Bangalore (Inde).

ESR

Pour plus de renseignements: Coordination paysanne européenne, M. Nico Verhagen, rue Stévin 115, 1000 Bruxelles, tel 0032/2 230 07 76, fax 0032/2 230 03 48.


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