15 mai 1998. Des pêcheurs et des paysans refusent de tomber dans le piège du nouveaux gouvernement.
MANILA - Des pêcheurs et des paysans pauvres sont déjà parmi les premiers à avoir trouvé que le prochain gouvernement du président Joseph Estrada n'éliminera pas la faim et la pauvrété. Au contraire, Estrada a déjà promis d'appuyer et de développer des programmes qui rendent les paysans et les pêcheurs victimes des forces du marché global. Le refus d'une telle politique a été exprimé partout aux Philippines par des dirigeants du Pambansang Lakas ng Kilusang Mamamalakaya ng Pilipinas (Pamalakaya-Pilipinas) et du Kilusang Magbubukid ng Pilipinas (KMP) au moment où ils organisent au palais de Malacañang leur première protestation sectorielle depuis les éléctions du 15 mars.
Le président du KMP, Rafael Mariano, a expliqué que la marche coïncide avec des mobilisations analogues d'autres peuples asiatiques et européens en opposition à la réunion de l'OMC à Genève. Les 1000 manifestants et leurs partisans parmi les églises et les employés du gouvernement disent que l'OMC obligera les pays pauvres à ouvrir leurs marchés aux produits excédentaires des pays plus riches.
Le 15 mars est l'anniversaire d'un décret de Marcos datant de 1975 (PD 704) et concernant la pêche. Dès l'année prochaine, c'est le 25 février qui deviendra la nouvelle date de protestation, en anniversaire du jour où Ramos signa la loi 8550, de 1998, qui constitue le nouveau code de la pêche.
Les délégués se sont réunis à Manille afin d'organiser la manière d'empêcher l'implémentation de ce code dans leurs villages. "Les énormes partenariats commerciaux ne peuvent même pas attendre le délai de 60 jours et dès le premier jour ont envahi les eaux municipales avec leurs seines et leur chaluts", a dit Rodolfo Sambajon, président de Pamalakaya. Sambajon a expliqué que 1 200 000 pêcheurs pauvres (comme lui) vont continuer de perdre leur pêche au profit des quelques 3000 pêcheries commerciales; en même temps, le code, avec ses "règles flexibles destinées à atteindre la sécurité alimentaire", permet l'importation de "japayuki galunggong", sorte de poisson bon marché en provenance de Japon et de Corée qui envahit le marché local et conduit les économies locales à la faillite.
En même temps, Panaghiusang Gagmay'ng Mananagat sa Sugbo (Pamana-Sugbo) craint la destruction totale de plus de 3000 hectares de riches zones de pêche au large de l'île de Mactan comme conséquence d'un ambition projet d'assèchement soutenu par le parlement. Le secrétaire général de Pamana-Sugbo, Victor Lapaz, ne croit pas aux promesses de Joseph Estrada d'arrêter le projet.
Selon Alfredo Apole, de Pamalakaya-Mindanao, les pêcheurs n'ont d'autre choix que de continuer les actions de masse pour pousser le nouveau gouvernement à abroger le code de la pêche, et de faire campagne en faveur d'un programme protectionniste de développement de la pêche basée sur une industrialisation de base. "Nous demandons aussi du prochain gouvernement l'abrogation des traités signés avec l'OMC, l'APEC et BIMP-EAGA, de sorte à réorienter la production et le marché alimentaires dans le but de nourrir le peuple philippin, non les aristocrats de l'étranger", a déclaré Apole.
Pamalakaya-Pilipinas a l'intention de contester la constitutionalité de ce qu'elle décrit comme une loi de dernière minute promulgué en absence du quorum nécessaire. Le groupe estime égalem nt que des candidats au parlement en manque de fonds pour leurs campagnes éléctorales ont accepté des pots-de-vin de la part de propriétaires d'élevages en échange du passage de la loi sur la pêche.