La Zone autogérée revendique un hébergement dès le 23 mai
Paru le : 21 mai 2003 http://www.lecourrier.ch/Selection/sel2003_393.htm

MOBILISATION ANTI-G8 · Le collectif Zone autogérée à Genève1 dénonce le manque de coopération de la Ville pour l'hébergement des manifestants avant le 28 mai. Cette dernière s'en défend.

VIRGINIE POYETTON

Moins de deux semaines avant le G8, la question de l'hébergement des manifestants n'est toujours pas réglée. Alors que le Forum social lémanique a obtenu les terrains des stades du Bout-du-monde et de Vessy à partir du 28 ou 29 mai pour organiser le village alternatif, le collectif Zone autogérée à Genève (Zaage) s'inquiète de se voir continuellement refuser par la Ville un terrain d'hébergement pour la période du 23 au 28 mai.

« Nous proposons un terrain en bordure des terrains de foot de Vessy, hors des terrains de jeu et à l'écart des zones d'infiltration de la nappe phréatique. Nous nous sommes même engagé à respecter les normes en matière de sécurité et d'environnement et à signer une charte, mais la Ville ne veut rien entendre avant le 28 mai », s'insurge un des membres initiateur de la zone autogérée2.

Le nombre de personnes à héberger avant le 28 mai est encore difficile à évaluer. « La majorité des manifestants ne vont pas s'annoncer avant. Il y a toujours une grande partie d'improvisation dans ces mobilisations ». Le Zaage s'attend néanmoins à devoir gérer l'arrivée d'au moins un millier de manifestants.

STAND-ACCUEIL AUX BASTIONS

Depuis peu, le collectif est en train d'organiser l'approvisionnement en nourriture et boissons. Il a entre autres négocié un accord avec les maraîchers de Genève. En attendant le dernier mot des autorités, le Zaage montera un stand d'information-accueil pour accueillir les manifestants aux Bastions. Mais le collectif n'entend pas baisser les bras. Une lettre de soutien du Forum social lémanique vient d'être envoyée au Conseil administratif de la Ville pour demander l'ouverture d'un lieu d'accueil du 23 au 28 mai. « De toutes façons, nous trouverons un terrain, parce qu'il nous faudra forcément un lieu d'accueil lorsque les gens arriveront », conclut un des initiateurs.

DISCUSSION OUVERTE

Du côté de la Ville, les positions sont moins tranchées: « Nous n'avons pas encore trouvé de solution, mais la discussion est toujours ouverte. » Le responsable du G8 pour la Ville, Francis Le Comte, rencontrera le FSL accompagné d'un représentant du Zaage jeudi matin. « La décision ne peut être prise de manière unilatérale. Nous sommes soumis à des contingences techniques du fait que le site est protégé et que les structures sanitaires nécessaires ne sont pas en place. » Par ailleurs, M. Le Comte souligne qu'il lui paraît difficile de demander aux sportifs de sacrifier deux week-ends à la cause altermondialiste.

Pour le Zaage, les arguments avancés par la Ville sont inconséquents. Le collectif reproche aux autorités de mener une politique de l'autruche. « Notre démarche risque pourtant d'avoir tout son sens, car une tête reposée et un ventre bien rempli est moins enclin à la casse. » Au-delà de la pure logistique, le collectif se revendique d'une expérience politique d'autogestion. La cuisine, l'installation de l'hébergement, la récupération des déchets, l'organisation de débats ou de concerts, tout doit se faire de manière collective.

1 La Zone autogérée à Genève se définit comme un collectif régional antiautoritaire, autogestionnaire et anticapitaliste.
2 Les membres du collectif ont préféré garder l'anonymat

Débat syndical en marge du G8

Le mouvement syndical ne veut pas rester en marge du débat sur la mondialisation. Vendredi, neuf jours avant que les chefs des Etats les plus puissants de la planète ne déboulent dans la région, 150 à 300 militants syndicaux participeront à Genève à un séminaire international sur la mondialisation1. Si les principaux intervenants viennent tous de France et de Suisse, le Conseil syndical interrégional (CSI)2, promoteur de la rencontre, annonce la venue de délégués italiens, espagnols, anglais, allemands et turcs.

Initiée par la base, la démarche entend offrir un espace de discussion aux travailleurs engagés dans les conseils d'entreprise. « Ce n'est pas une rencontre de professionnels du syndicalisme. 70% à 80% des participants seront des militants de base », souligne Yves Defferrard, de la FTMH.

Leur réflexion sera guidée par quatre exposés d'« experts » - deux secrétaires des confédérations françaises CGT et CFDT, ainsi que deux économistes suisses. Avec des thèmes aussi divers que le rôle du G8, l'économie solidaire, la « surproductivité » ou les mesures de lutte. Selon Jean-Michel Gelati, président du CSI, un fil conducteur reliera ces exposés: « Comment les syndicats peuvent-ils conquérir de nouveaux droits sociaux dans un contexte de mondialisation? »

Car au-delà de la pure réflexion, la rencontre devrait déboucher sur des réalisations concrètes. « Nous espérons qu'un réseau de réflexion et d'action naisse de ce premier forum », explique Laurent Labrot, de la CFDT. A défaut, la rencontre de délégués de diverses multinationales en provenance de plusieurs pays européens devrait déjà permettre un « échange fructueux d'expériences », prédit Claude Reymond, secrétaire de la Communauté genevoise d'action syndicale (CGAS). BPz

1 La rencontre n'est pas ouverte au public.
2 Le CSI est constitué de syndicats du Piémont, de la vallée d'Aoste (I), de Rhône-Alpes (F), de Genève, Vaud et du Valais.

« Allez manifester! »

Les syndicats ont profité de la présentation de leur séminaire, hier, au Club de la presse, pour rappeler leur solidarité avec les mobilisations altermondialistes. Et ce, malgré la « paranoïa » sécuritaire. « Cette psychose n'a pas lieu d'être. Si ce n'est pour cacher les problèmes de fond soulevés par la mondialisation », regrette Georges Tissot, président de la CGAS. La faîtière genevoise estime donc plus important que jamais de manifester massivement le 1er juin. Une position partagée par les principaux syndicats suisses et français et réaffirmée, hier, par la section genevoise du Syndicat industrie et bâtiment. Dans un communiqué, elle fustige les politiques libérales imposées par les Etats du G8 et invite ses adhérents à rejoindre le tronçon syndical de la manifestation1, afin de défendre notamment « l'Etat et les acquis sociaux », de « renforcer l'influence de l'Organisation internationale du travail » et de l'ONU, et de réclamer l'annulation de la dette du Sud. Un plaidoyer résumé par M. Tissot: « Les syndicats sont aussi altermondialistes. »

Côté français, on apporte quelques nuances. « Nous ne sommes pas contre le G8, nous voulons y porter la question sociale », tempère Jean-Michel Gelati. Le président du CSI précise qu'« un représentant de la TUAC - regroupement syndical du Nord - sera reçu par les huit chefs d'Etat. Il n'en demeure pas moins que les syndicats français misent sur la pression de la rue et appellent à manifester « pacifiquement ». Un tronçon est donc aussi programmé au départ d'Annemasse. De quelle importance? Mystère: « S'il n'y avait pas eu la question des retraites, la participation aurait été très importante », estime Laurent Labrot, de la CFDT. BPz

1 Rendez-vous dès 10 h devant les locaux du SIB (rue Necker).

Bas les masques!

G8 · Le port d'une cagoule, d'un masque, d'un casque et de tout autre déguisement sera interdit aux manifestants anti-G8. Cette décision est l'une des conditions dont Micheline Spoerri a assorti l'autorisation de manifester le 1er juin à Genève. La conseillère d'Etat en charge du Département de Justice, police et sécurité (DJPS) a également lié cette autorisation à d'autres conditions dont le détail est donné dans la Feuille d'avis officielle (FAO) « spéciale G8 » à paraître mercredi, a indiqué hier le DJPS. Micheline Spoerri y précise notamment que les organisateurs de la manifestation sont « personnellement et entièrement responsables du déroulement de celle-ci ». Et que les éventuels débordements « pourront leur être imputés ». Marie-Eve Tejedor, du Forum social lémanique (FSL), déplore cette interdiction. « Les manifestants, parmi lesquels on trouve également des sans-papiers, dissimulent bien souvent leur identité pour protéger leur sphère privée », a-t-elle expliqué. Par ailleurs, le FSL a demandé en vain que les policiers chargés du maintien de l'ordre portent des numéros de matricule afin qu'ils puissent être identifiés en cas de bavure. « Les autorités n'ont jamais donné suite à cette légitime requête », a ajouté Mme Tejedor.


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