Bloquer les ponts pour perturber le G8
Paru le : 31 mai 2003 http://www.lecourrier.ch/Selection/sel2003_439.htmDIMANCHE MATIN · Les blocages non-violents se précisent. A Genève, le rendez-vous est fixé à 5 h 30.
BENITO PEREZ
Les anti-G8 ne sont pas venus - que - pour faire la fête. Dimanche, ils seront dans la rue dès 5 h 30(!) du matin avec un objectif bien précis: « empêcher physiquement mais pacifiquement » les quelque 2000 « petites mains » du G8 logées à Genève de se rendre à Evian où s'ouvrira, ce même jour, le Sommet des pays riches. Le rendez-vous est fixé aux abords du pont du Mont-Blanc (Horloge fleurie), même si la stratégie se veut plus ambitieuse. « Nous appelons à bloquer tous les ponts du canton », explique Juan Tortosa, du Forum social lémanique (FSL). Les barrages seront levés dès 10 h, lorsque sera donné le coup d'envoi de la manifestation transfrontalière.
S'ils ne se bercent pas d'illusions quant à la possibilité de barrer le passage aux chefs d'Etats - qui seront héliportés - les mouvements altermondialistes ne prennent pas cette opération à la légère. « Nous espérons vraiment perturber le sommet en retardant la venue de ses nombreux employés: traducteurs, secrétaires... », précise Emilie Ferreira, de Globalise Resistance. Vaudois et Français feront d'ailleurs leurs propres barrages pacifiques, en coordination avec les Genevois. Mais hors de Genève, on refuse, pour l'heure, de révéler ses stratégies.
BARRAGES FILTRANTS
Le militant d'Attac Christophe Aguiton admet le caractère largement « symbolique » de l'action: « L'immense majorité des 10 000 employés du G8 sont logés à Evian ou à Lausanne. » Le Français en souligne toutefois la portée politique: « La population doit pouvoir montrer concrètement son opposition à un sommet qu'elle juge illégitime », défend-il.
Ainsi, dans le but d'ouvrir l'opération aux moins téméraires, les altermondialistes ont souhaité être le plus « transparent » possible, négociant la non-dispersion violente des blocages par la police, et donner un caractère « festif » aux blocages (petit-déjeuner, concert de tambours et de casseroles, etc.) A leur dire, les autorités suisses auraient accepté la tenue des sit-in. « Elles ont indiqué qu'elles ne les feront évacuer que si des chefs d'Etat ne pouvaient pas se rendre à Evian par les airs », selon Juan Tortosa.
De plus, les contestataires insistent sur leur volonté de causer le moins de désagréments possibles aux habitants. « A 5 h 30, il n'y a personne dans les rues. Malgré cela, nos barrages seront filtrants: nous laisserons passer tant les services d'urgences que les habitants; seuls seront bloqués les travailleurs du G8 », assure Christophe Aguiton. Les barrages devraient être levés dès le début de la grande manifestation, prévu vers 10 h.
ARRIVÉES AUX CAMPINGS
Par ailleurs, les coalitions anti-G8 ont tiré hier un premier bilan des mobilisations en cours. « Déterminés et pacifiques », selon les mots de M. Tortosa, les cortèges d'Annemasse, de Lausanne et de Genève (lire en page 6) augurent d'une plus forte participation que pronostiqué. Combien seront-ils dimanche? « Assez pour faire des blocages une réussite », répond Mme Ferreira. Elle relève que près de 10 000 personnes étaient déjà installées hier après-midi dans les villages d'Annemasse. Des campeurs auxquels il faut ajouter ceux de Lausanne (page 6) et ceux du Bout-du-Monde (plus de 1000 personnes).
De plus, insiste M. Aguiton, au vu de la « paranoïa ambiante », mobiliser jeudi soir quelque 5000 personnes à Lausanne - essentiellement des jeunes et des habitants du lieu - « c'est beaucoup! » De quoi espérer plus de 50 000 manifestants pour le double cortège transfrontalier de dimanche.
De son côté, Emilie Ferreira insiste sur la maturité de l'immense majorité des manifestants: « L'entrée pacifique mais déterminée du cortège de No Border dans l'OMC, malgré les barricades (hier matin, ndlr), puis sa sortie pour éviter tout incident avec la police, est symbolique du mouvement: créatif et radical! » Et les organisateurs de se réjouir parallèlement du « comportement mesuré et raisonnable » des polices genevoise et vaudoise durant les diverses actions menées depuis jeudi.
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