« Genève pas plus barricadée que Florence » (31/05/2003)
http://www.tribune.ch/accueil/dossiers/titre_dossier/article/index.php?Page_ID=5340&article_ID=16321Photo Georges Cabrera
Le camping du Bout-du-monde se remplit lentement. Des militants étrangers témoignent.
FEDELE MENDICINO
Le centre sportif du Bout-du-monde devient, le temps d'un week-end, un véritable quartier de la Genève internationale, version alternative. Jouxtant le village des anarcho-syndicalistes à Vessy, le gigantesque camping, destiné à accueillir des dizaines de milliers de manifestants, n'en comptait hier en soirée guère plus de 500. Au même moment, la zone autogérée à Genève (Zaage) inventoriait environ 80 tentes. Mais le gros des troupes de campeur est attendu pour aujourd'hui.
Dès le début de la matinée, les pelouses de football ont commencé à céder du terrain aux tentes et aux dizaines de drapeaux à l'effigie de mouvements communistes, écologistes ou socialistes de différents pays. Même les cages de but arboraient les couleurs: sur une ficelle tendue entre les montants sèchent des sous-vêtements, des tee-shirts rouges et un keffieh palestinien.
"Genève n'est pas une ville morte, estime James Doleman, un socialiste écossais de 36 ans. J'étais au forum social de Florence et la ville s'était autant barricadée que les banques et les commerces genevois." Appelant à faire preuve de distance, le membre du mouvement Globalize resistance salue également l'attitude de la population: "En ville, les gens sont ouverts et aimables comme ils l'étaient d'ailleurs à Florence. C'est un bon signe en vue de la manif de dimanche." Trotskiste dans l'âme, Stefano, militant zurichois du Mouvement pour le socialisme (MPS) salue, à sa manière, les palissades devant les échoppes. "On peut ainsi se passer des mensonges qu'on nous vend toute l'année dans ces vitrines. Ces barrières symbolisent bien l'état d'esprit de la classe dominante capitaliste."
Venue de Rouen, Fanny Gallot, membre des Jeunesses communistes révolutionnaires, constate que Genève n'échappe pas à la "psychose sécuritaire ambiante". "En France, on vit dans le même climat, d'ailleurs Annemasse s'est également barricadée. C'est scandaleux de voir qu'à Genève les assurances rechignent à couvrir les dégâts éventuels."
Mais depuis le Bout du monde, les palissades jaunes du centre-ville sont bien lointaines. "Si je suis venu sur le site c'est avant tout pour discuter avec des camarades d'autres pays, explique Stephano. Pour moi, ces échanges d'idées et ces débats sont aussi importants que la manifestation de dimanche."
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