LA VIOLENCE - Les casseurs débordent les altermondialistes et défient la police (02/06/2003)
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Photo Laurent Guiraud

Après la manifestation, le centre-ville a été le théâtre d'affrontements brutaux.

ANNE-MURIEL BROUET, CÉDRIC WAELTI

Le centre-ville de Genève a connu hier une après-midi de chaos sans précédent. De 15 heures à l'aube, une poignée d'agitateurs entourés d'une foule de badauds plus ou moins complaisants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l'ordre. Ces dernières n'ont pas hésité à riposter avec des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes sans pour autant procéder à des arrestations. Contrairement aux casseurs professionnels de samedi soir, les perturbateurs de dimanche semblaient uniquement chercher l'escalade avec la police.

Dans le calme

La manifestation de la mi-journée s'était pourtant déroulée dans le plus grand calme. Les bénévoles du service d'organisation ont réussi avec succès à canaliser la fureur de certains, hormis quelques incidents. La police, elle, a montré un vrai professionnalisme et un certain sang froid. Toutefois, deux stations-service bordant la route qui mène à la douane de Thônex-Vallard, lieu de la dislocation, ont été sérieusement endommagées par les casseurs.

Aux alentours de 14 heures, les manifestants commencent à regagner, les uns le centre de Genève, les autres Annemasse et environs. Arrivés à la place Guyénot, les manifestants sont accueillis par un cordon de policiers en tenue anti-émeute. Il est environ 15heures. Pendant ce temps, sur la frontière: concert de reggae. L'heure est aux derniers tags: "Mieux vaut être chômeur que douanier". A Chêne-Bourg, une boulangerie est restée ouverte. Sa boutique de la rue de Genève ne désemplit pas. En sortant, des grappes de manifestants piétinent un flyer: "Vive le socialisme".

Sous l'oeil des curieux

Mais après cette dislocation bon enfant, le climat se détériore rapidement entre manifestants et policiers. A la rue Adrien-Jeandin, premières provocations d'une poignée de petits casseurs. Face au rideau de policiers armés de boucliers, une vingtaine d'adolescents, très jeunes, et pas très affûtés, ajoutent à l'insulte les canettes, les bouteilles ou autre projectiles qui leur tombent sous la main. Derrière eux, les badauds semblent fascinés. Ils prennent des photos et viennent "montrer" à leurs enfants en bas âge le face-à-face tendu entre casseurs et forces de l'ordre.

Un passant, dépité, fustige: "Pour moi, les premiers sont un sous-groupe de l'autre." Première riposte de la journée aux gaz lacrymogènes. Place des Eaux-Vives, la foule se fait encercler. Nouvelle provocation. Tir de balles en caoutchouc. Le service d'ordre des altermondialistes est complètement débordé. L'un d'eux manqué de se faire casser la figure par un excité, qui tient à tout prix à péter sa vitrine.

Dans les Rues-Basses, des cordons de policiers zurichois organisent un barrage filtrant. Peine perdue. Les affrontements sont multiples, notamment aux abords de la place Longemalle où quelques vitrines volent en éclats dès le retrait des forces de l'ordre vers Bel-Air.

Les soldes Lacoste

Place de la Petite-Fusterie, des jeunes gens, 16 ans à peine, nullement cagoulés, se servent dans derrière les vitres fracassées. La boutique Lacoste est pillée. Après, un peu comme aux soldes, les délinquants s'arrachent, entre eux, au milieu de la rue, les pantalons frappés du crocodile. Au même moment, des manifestants cagoulés, vêtus de noir, donnent le la. Ils semblent jouer les chefs d'orchestre. L'un d'eux désigne une vitrine d'un opérateur de téléphonie avec... un club de golfe. Nos soldeurs s'excitent. Ils veulent compléter leurs courses. Finalement, la police chassera tout le monde des Rues-Basses. Non sans prévenir les spectateurs que la séance s'achève: "Si vous ne partez pas, vous serez interpellés pour participation à émeute."

Manifestement déçus de voir le jeu s'arrêter en si bon chemin, les casseurs toujours suivis de curieux troussent les policiers. Rue du Stand, puis boulevard Georges-Favon. Crispation et nouvelle charge de la police. Puis les forces de l'ordre se replient tandis que la foule poursuit vers Bel-Air et la rue du Rhône.


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