Les conflits sociaux français déteignent sur la manif anti-G8
Paru le : 2 juin 2003 http://www.lecourrier.ch/Selection/sel2003_450.htm

FRANCE VOISINE · Aucune casse n'est venue entacher le cortège au départ de l'aérodrome d'Annemasse.

SIMON PETITE

Un défilé anti-G8 qui s'est largement fait l'écho des mobilisations sociales en cours en France. Parmi les dizaines de milliers de manifestants partis d'Annemasse pour rejoindre leurs camarades venus de Genève juste avant la douane de Thônex-Vallard, on retrouve toute la gauche française ou presque... Aucune trace en effet des Socialistes, dont une délégation avait été violemment prise à partie la veille par des militants anarchistes.

Point de violences en revanche hier dans les rues d'Annemasse. De ce côté-ci de la frontière, aucune casse n'est venue entacher la fête. La journée commence vers 10 h. Le cortège se met en ordre de marche dans la bonne humeur. Des membres du Parti communiste français distribuent l'Humanité. Plus loin, des Verts, puis après un imposant tronçon d'Attac, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) qui décline les noms des chefs du G8, tous qualifiés de « terroristes ». La palme revenant à George W. Bush. Si l'agenda français est omniprésent, la foule est très internationale.

« Assez de discours, annulez la dette », reprennent des militants portant des maillons de chaîne en carton représentant le carcan qui enserre les pays pauvres. « Si les Etats du G8 s'en tenaient à leurs promesses, seul 5% de l'ardoise du tiers monde serait rayée. Mais ils ne s'y tiennent même pas », dénonce Claude, au nom du Comité pour l'annulation de la dette du tiers monde (CADTM). Pour qui la mobilisation anti-G8 permet de maintenir la pression sur les huit pays les plus puissants.

« LA RUE QUI GOUVERNE »

La tête de ce cortège au départ d'Annemasse était réservée aux syndicats français engagés dans un bras de fer contre leur gouvernement. Les slogans sont rôdés par près d'un mois de mobilisation: « Raffarin, on t'emmerde, c'est la rue qui gouverne. »

Et le G8 dans tout cela? « Les services publics pâtissent directement des orientations néolibérales entérinées lors des sommets du G8 », développe Thierry, qui travaille dans l'administration hospitalière à Paris et est lui-même en grève.

La lutte contre la mondialisation néolibérale se mène autant au niveau local que global. Nouvelle illustration avec une importante délégation d'étudiants, eux aussi aux prises avec le gouvernement Raffarin.

« L'instauration des plans relatifs à une prétendue modernisation de l'Université a été repoussé à la rentrée. Ils impliqueraient une augmentation des taxes universitaires ou encore l'intrusion des entreprises privées au sein de l'uni », nous explique Caroline. Selon la militante de l'UNEF - premier syndicat étudiant en France - la marchandisation de l'éducation est l'un des chevaux de bataille des Etats-Unis et de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

FATIGUE CERTAINE

Les rangs des syndicats enseignants français sont par contre plus clairsemés. Fabien, pour la FSU, évoque une fatigue certaine des militants: « Nous sommes mobilisés depuis le 6 mai. » Et cela n'est sans doute pas fini. Les rues d'Annemasse ont ainsi résonné d'appels à la grève générale.

Cette multiplication des fronts explique-t-elle la taille moindre du cortège parti d'Annemasse par rapport à l'autre au départ de Genève? Les deux cortèges se rejoindront en début d'après-midi, pour ne former qu'une énorme marée humaine.


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