La police assiège 500 manifestants pacifistes
Paru le : 3 juin 2003 http://www.lecourrier.ch/Selection/sel2003_459.htmCAFOUILLAGE · Encerclés depuis 19 h, 500 manifestants ont refusé de se faire fouiller individuellement, n'ayant rien à se reprocher.
SIMON PETITE, AVEC BENITO PEREZ ET MARCO GREGORI
Opération de marketing policière? Comment expliquer le comportement des forces de l'ordre hier. Critiquées pour leur inefficacité durant le week-end, elles avaient manifestement décidé de frapper un grand coup. Et elles ont réussi le tour de force de criminaliser un peu plus de 500 manifestants totalement pacifistes. L'opération tournait au fiasco.
A l'heure où nous mettions sous presse, la police assiégeait toujours 500 manifestants sur le pont du Mont-Blanc. Une solution semblait se dessiner. Des balles en plastique ont été tirées, provoquant au moins deux blessés. A l'extérieur, des cordons policiers, plusieurs milliers de personnes - badauds et manifestants - étaient réunis vers 21 h 30, notamment sur la rue du Mont-Blanc. « Libérez les prisonniers! », « Spoerri, démission », pouvait-on entendre. Vers 23 h, la police tentait de les disperser avec des canons à eau. Elle faisait face à une vingtaine de lanceurs de bouteilles.
Tout avait commencé devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), sur le coup des 16 h. Quelque 200 campeurs des villages alternatifs d'Annemasse avaient décidé de faire un crochet par Genève. Afin de protester devant l'OMC contre la privatisation de l'eau potable.
Une action festive, la police étant à ce moment là très discrète. Mais, alors que les rumeurs (jamais confirmées) de la présence de black blocks se répandent, les policiers anti-émeutes font leur apparition. Intimidés, les jeunes manifestants parlementent. Vers 19 h, ils décident de rejoindre d'autres manifestants escortés par deux camionnettes de police.
Car un autre cortège est parti à 18 h de la place Bel-Air. Celui-ci proteste contre la répression policière et réclame la libération de 25 personnes appréhendées la veille. A 19 h, les manifestants sont encerclés par trois cordons policiers sur le pont du Mont-Blanc (côté rive droite). Les policiers, pour une bonne part allemands et zurichois, ne s'écartent que pour entrer le cortège venu de l'OMC dans la nasse.Pendant trois heures, les manifestants négocient avec la police. Cette dernière pose comme condition pour laisser continuer les 500 personnes de fouiller tout le monde. Une exigence catégoriquement rejetée par les manifestants, qui, n'ayant rien à se reprocher, estiment la mesure vexatoire.
De nombreux élus sont présents, tentant d'infléchir l'attitude de la police. Le conseiller d'Etat Charles Beer tente de joindre sa collègue Micheline Spoerri. Peu après 22 h, le député socialiste Christian Brunier annonce la suspension des négociations menées avec la police. Motif? La conseillère d'Etat Micheline Spoerri en charge du DJPS était à ce moment-là toujours déterminée à ce que tous les manifestants soient fouillés.
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