Le Département des affaires culturelles « choqué »
Paru le : 4 juin 2003 http://www.lecourrier.ch/Selection/sel2003_465.htmINTERVENTION POLICIÈRE À L'USINE· Le Conseil administratif de la Ville a rencontré hier les travailleurs de l'Usine. Il a également vu un film de l'intervention policière de dimanche soir.
SANDRA VINCIGUERRA
« Je suis choqué. » Le conseiller administratif Patrice Mugny a découvert, lundi soir, les images de l'entrée des policiers dans l'Usine dimanche soir. Quatre des cinq membres du Conseil administratif de la Ville se sont en effet rendus dans le temple de l'alternatif genevois pour rencontrer le collectif et discuter de l'intervention. Les travailleurs de l'Usine leur ont montré le film de l'assaut.
Joint par téléphone, le chef du Département des affaires culturelles affirme comprendre qu'on perquisitionne l'Usine, mais trouve « choquante et inadmissible la manière dont ça s'est passé ». Rappelons que, soupçonnant la présence de Black Blocs dans le bâtiment, les policiers ont donné l'assaut par la porte principale déguisés en casseurs et suivis des unités en tenue officielle.
Durant leur soirée à l'Usine, Manuel Tornare, Pierre Müller, André Hédiger et Patrice Mugny n'avaient « pas le sentiment que l'Usine était un repaire de casseurs »: « Nous avons bu un verre et passé un moment sympathique », selon les termes de M. Mugny. « Mais on attend un rapport définitif, avant de se prononcer », précise-t-il toutefois.
Lors d'une conférence de presse tenue lundi, les travailleurs de l'Usine avaient exprimé leurs craintes concernant la négociation avec la Ville de leur Convention quinquennale sur l'utilisation du bâtiment: « Mme Spoerri nous attaque au moment où l'Usine est fragilisée. » Selon Kate Riedy, ex-permanente du lieu et membre du cinéma Spoutnik: « On part sur l'idée d'une continuité, mais si Mme Spoerri associe l'Usine aux mouvements violents, les gens ressentiront de la méfiance et de la crainte à l'égard du lieu. Nous répétons: il n'y avait pas de casseurs dans nos murs et nous ne cautionnons pas la casse. La police n'a d'ailleurs rien trouvé. Si les gens en position de pouvoir font l'amalgame, on ne pourra pas réparer le tort qui nous est fait. »
UN RAPPORT ATTENDU
De son côté, le chef du Département des affaires culturelles se dit « fier que ce haut lieu de la culture alternative existe ». Mais si la police rend un rapport avec des preuves « sérieuses » que « des casseurs se sont organisés à l'Usine ou que des membres du collectif ont hébergé des casseurs dans le bâtiment, la Ville ne pourrait plus subventionner le lieu ».
Jacques Volery, porte-parole de la police genevoise, n'a pu confirmer ou infirmer la présence d'objets dangereux dans l'Usine, « l'enquête étant en cours. » Alors que le Legal Team a constaté « plusieurs violations graves des droits de la personne par les forces de l'ordre » lors de l'intervention, la Permanence juridique s'interroge sur la « légalité de l'intervention ». L'Usine prendra la décision, demain, de déposer plainte ou non contre la police genevoise.
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