Lausanne: suspendus à un pont
Paru le : 4 juin 2003 http://www.lecourrier.ch/Selection/sel2003_469.htmTHIERRY BORNAND
Pour marquer leur solidarité avec le militant anglais, victime du présumé accident au pont d'Aubonne dimanche, où un policier avait coupé la corde qui le retenait, une centaine d'altermondialistes ont répété, hier, le même procédé en bloquant la circulation sur le Grand Pont. Après avoir tendu une corde en travers de la chaussée, deux des leurs sont descendus en rappel de chaque côté.
Les militants ont rendez-vous à 10 h, en contrebas, sur la place de l'Europe. Mais ils sont encore à peine plus nombreux que les 25 journalistes qui observent cette dernière manifestation anti-G8: les derniers campeurs de la Bourdonnette se font attendre. Ce sont les contrôles d'identité, qui, là-bas, retardent leur arrivée, annonce une militante au mégaphone. Le cortège une fois au complet a des allures de carnaval avec la musique que diffuse une sono montée sur un tandem et les acrobaties de jongleurs. A chaque extrémité du pont, la police dévie la circulation.
Sur le coup des onze heures, le procédé est mis en place. Deux militants descendent en rappel de chaque côté du pont. Au milieu de la route, une banderole attachée à la corde, indique: « Meurtre d'un militant. Police, essaie encore! » suivi d'une paire de ciseaux dessinée.
Sous le coup de 11 h 30, les manifestants libèrent le pont. Ils continuent leur chemin pour rejoindre la prison de Bois-Mermet où quelques militants sont encore en détention. Mais les policiers en tenue Robocop leur barrent la route à plusieurs endroits. Ponts Bessière et César-Roux sont fermés si bien qu'ils se dirigent en direction du CHUV. Arrivés au pied de l'hôpital ils scandent à nouveau des slogans de soutien au militant blessé. Enfin, forces de l'ordre et altermondialistes négocient la fin de la manifestation, vers 13 h 30, devant l'Espace autogéré. TBd
Retour à la normale et bilans
« Un succès populaire ». Pour le comité anti-G8, le bilan général des manifs et forums de Lausanne tient en quelques mots. En revanche, il s'étend plus sur ses embûches: « Le discours de peur qui en a découragé plus d'un de venir, la démission de la gauche institutionnelle, le manque de moyens d'accueil, la tardive communication du dispositif policier ».
L'attitude de la police? Le comité monte d'un cran dans ses revendications: il veut une commission d'enquête parlementaire, après en avoir demandé une extra-parlementaire lundi soir, et s'engage à rédiger un « livre blanc ». Les violences de dimanche? « En l'état actuel de nos informations, on ne peut pas s'en distancier clairement », explique Nanda Ingrosso.
Devant le Grand Conseil, le président du Conseil d'Etat, Jean-Claude Mermoud, s'est montré globalement satisfait de l'action des forces de l'ordre et promettait un rapport pour cet automne: « Pour faire une analyse critique à froid. » Allusion aux six interventions parlementaires déposées hier après midi: quatre sur l'action de la police dimanche (PS, verts et POP), une sur la répression des casseurs (UDC) et une sur l'attitude du comité anti-G8 (libéral).
Sur le terrain, voirie et PC démontaient hier les infrastructures du camping de la Bourdonnette. Auparavant, la police lausannoise avait annoncé sa fermeture et contrôlé l'identité des derniers résidents. Les organisateurs du forum de Dorigny démontaient leurs installations. Ouchy est désormais une zone libre et les commerçants continuent d'enlever leurs palissades en ville.
JC
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