La police en crise, le nombre des arrestations est controversé
Paru le : 4 juin 2003 http://www.lecourrier.ch/Selection/sel2003_463.htm

MANIF · La Police ne communique plus. Elle refuse d'informer sur le nombre de personnes arrêtées et emmenées au poste dans la nuit de lundi. Les juges ont déjà traité trente et une inculpations depuis dimanche.

VIRGINIE POYETTON

Quatorze interpellations ont eu lieu dans la nuit de lundi à mardi. C'est la seule information que la police diffusera après la manifestation. Avant de communiquer en externe, le porte-parole de la police genevoise, Jacques Volery, estime primordial de régler la « crise majeure » qui sévit au sein de la police. De cette crise, Jacques Volery ne dévoilera rien, sous prétexte de négociations en cours. Pas plus que le chef de la police, Christian Cudré-Mauroux, qui refuse de répondre à nos appels. Or, depuis dimanche, les informations les plus contradictoires circulent sur le nombre d'interpellations, d'accusations et d'inculpations de manifestants.

Le parcours juridique traditionnel d'une personne inculpée passe d'abord par une interpellation. Puis la personne est amenée à l'Hôtel de police, où une série de contrôles sont effectués (antécédents judiciaires, empreintes, etc.). Le commissaire de police transmet ensuite le dossier au Palais de justice. Si le nombre de personnes inculpées est connu et officiel, l'ampleur des interpellations et des arrestations fait l'objet de contradictions entre la police et la permanence juridique qui, depuis jeudi dernier, récolte les témoignages et les plaintes des manifestants lésés.

31 INCULPATIONS

Dix-huit inculpations d'adultes ont eu lieu pour les actes commis pendant la journée de dimanche et quatre pendant celle de lundi. Selon le juge Yves Aeschlimann, en charge du dossier, la police n'a visiblement pas réussi à mettre la main sur les responsables de la casse. « A priori, les vrais meneurs ont réussi à passer entre les mailles. » Les principaux chefs d'accusation retenus contre les manifestants sont le vol, le dommage à la propriété privée, l'émeute, la violence ou la menace contre les autorités. Sur les vingt-deux personnes inculpées pour les événements de dimanche, douze sont actuellement en détention préventive. « Les détentions sont de courte durée, on garde la personne jusqu'à ce qu'elle soit confrontée au policier ou à la personne lésée », explique le juge Aeschlimann.

VIOLATION DE DROITS

Neuf mineurs ont par ailleurs été inculpés pour les exactions du week-end, six d'entre eux sont actuellement en détention préventive. « Il s'agit essentiellement d'adolescents âgés de 15 à 18 ans, résidant à Genève, qui n'appartiennent pas au Black Bloc mais qui ont profité de l'occasion pour se joindre aux casseurs ou pour voler », constate Jean-Nicolas Roten, président du Tribunal de la jeunesse.

Pour sa part, le nombre exact d'arrestations effectuées depuis dimanche reste flou. Le porte parole de la police parle de vingt-cinq personnes arrêtées dans la journée de dimanche et suite aux événements de l'Usine.

La permanence juridique G8 de Genève Legal Team confirmait, hier, dans un communiqué, ce chiffre de vingt-cinq arrestations qui leur avait été communiqué par des victimes ou par des témoins. La permanence ajoutait cependant que sept de ces arrestations ont été accompagnées de violences policières. De son côté, la police dément et fait état de cinq blessés dans ses rangs (trois dimanche soir et deux lundi soir) et cinq du côté des manifestants.

« Par ailleurs, nous avons reçu de nombreux appels téléphoniques nous signalant d'autre cas d'arrestations de personnes inconnues », signale le Legal Team. Treize témoignages de personnes ayant subi des violences policières sans arrestation sont parvenues à la permanence (lire ci-dessous le cas d'un membre du Legal Team). Dans trois cas, les blessures seraient graves.

L'équipe du Legal Team a constaté « plusieurs violations graves des droits de la personne par les forces de l'ordre ». Elle dénonce plusieurs pratiques douteuses, dont l'absence d'un mandat pour investir l'Usine, l'intervention masquée et sans identification possible de policiers en civil, le passage à tabac d'activistes pacifistes et, enfin, l'interdiction faite à la permanence juridique d'entrer dans les bâtiments de l'Usine.

Des extraits de l'accord

Toutes les personnes ayant signé le mémorandum d'accord liant la police genevoise et le FSL, organisateur de la manifestation de dimanche, se sont revus lundi matin pour confirmer que, de part et d'autre, l'accord avait été respecté. Voici quelques extraits importants de ce dernier.

VPn


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