S'IL VOUS PLAÎT
anonymous ( Collectif Bellaciao ) jeudi 26 juin 2003 13:00
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=4733J'ai participé à la grande manifestation contre les 8 Grands, barricadés à Evian, et tout ce qu'ils représentent de négatif.
J'ai marché dans le cortège qui a atteint la frontière avec Genève, colorié, bruyant, aussi déterminé que pacifique, varié : au début je l'ai regardé défiler un moment, environ une heure, après je me suis mise entre les Désobéissants et un groupe tout habillé en noir, avec les visages couverts et un air dangereux ; une partie avaient des drapeaux rouges et noirs, une autre seulement noirs, quelques mots en allemands marqués en blanc. Black Block, j'ai pensé naturellement, il vaut mieux les surveiller.
Le groupe a fait tout le parcours (comme les autres), avec ses propres slogans (comme le faisaient les autres), en criant, en sautant, en un mot : en manifestant.
Quand la rumeur du jeune tombé d'un pont a commencé à circuler, pendant qu'il essayait de fixer un calicot de protestation, parce que quelqu'un avait pensé couper la corde qui le tenait - et au début on disait qu'il était mort - le groupe noir s'est beaucoup énervé (comme les autres) et a crié plus fort (comme tout le monde).
Ils n'ont pas cassé des têtes et des dents, je veux dire, ils n'ont pas coupé de cordes.
Pendant que nous étions à la frontière, quelqu'un sur le viaduc, d'autres en bas, d'autres dans les pelouses tout autour, la nouvelle est arrivée comme quoi la police était en train d'encercler le camping de Lausanne et que beaucoup de manifestants avaient déjà été arrêtés : les avocats de la Legal Team présents sont partis aussitôt, sans penser à la fatigue, la chaleur, la distance.
Je suis rentré à la Maison des Associations avec quelques Désobéissants, en commentant positivement la présence dans le cortège de ce groupe noir et l'absence de provocations ; en commentant négativement le fait que, comme à Gênes, la police n'avait pas arrêté ceux qui dans la nuit avaient cassé des vitrines et allumé le feu alors que maintenant elle attaquait les manifestants.
Les avocats ont eu un après-midi de travail très intense mais quand ils sont rentrés à Genève, le soir, presque tous les interpellés avaient été relâchés.
A ce point-là nous avions faim et étions vraiment fatigués : il y en avait qui n'avaient pas dormi du tout pendant la nuit d'avant pour participer aux blocages des voies d'accès à Evian et les feux qui avaient "incendié" joyeusement le lac. Mais la nouvelle est arrivée comme quoi la police, s'opposant déjà à certains groupes de casseurs, était allée au Media Center, deux rues plus loin, et était en train d'y entrer, on ne comprenait pas pour quelle raison.
Nous y sommes allés de suite : forces de l'ordre en tenue anti-émeute rangés en carré sur le carrefour, lacrymogènes CS, blindés. Les avocats, avec le bandeau de la Legal Team, ont été laissés passer ; j'ai essayé de les suivre, mais une voix au-delà du casque, le masque et d'une hauteur de deux mètres m'a arrêtée :
"S'il vous plaît !"
Et oui, - j'ai pensé - la célèbre politesse suisse, mais après ils te massacrent pareil.
Une fois récupéré un bandeau de la Legal Team, j'ai rejoint les copains en même temps que plusieurs journalistes et photographes arrivaient : devant l'entrée du Media Center il y avait d'autres camionnettes, un autre rangée de policiers.
Vraiment on avait l'impression de revoir en petit les images prises devant l'école Diaz de Gênes, il y a presque deux ans : la situation, la puanteur du gaz ; un type costaud en habit civil, chauve et avec un petit masque ridicule qui lui couvrait le nez et la bouche, qui s'agitait chaque fois que la porte s'entrouvrait, et il n'inspirait certainement pas confiance.
J'ai essayé de me faufiler en profitant de la confusion mais une mais énorme avec un gant s'est placée devant moi, sans me toucher :
"S'il vous plaît !"
Quand les jeunes ont commencé à sortir un par un, relâchés, après presque une heure, aucun d'entre eux était blessé ; mis à part un camarade d'Indymedia, que nous avons rencontré à l'étage - après que la police était enfin partie - et qui perdait du sang de la tête à cause d'un coup reçu au moment de l'irruption, personne n'avait été maltraité, insulté, humilié. Certes, nous n'aurions pas voulu voir la moindre blessure, mais qu'était-ce par rapport à ce que l'on craignait ?
A l'intérieur tout était en ordre : accessoires, bibelots, ordinateurs, vidéos, instruments différents. Hormis l'absurdité de cette "visite", hormis l'arrogance avec laquelle on continuait à chercher des terroristes ou on ne sait quelles preuves d'éversion à l'intérieur du Mouvement, le comportement des forces de l'ordre était resté dans les limites du correct.
"Hautement professionnelle", l'a défini un camarade avocat, épuisé, à la sortie "même si on ne comprends pas pourquoi d'abord ils menacent d'arrêter tout le monde et après ils terminent la choses en quelques heures : ça fait une journée qu'ils nous font courir, on dirait une guerre de nerfs."
J'ai quitté Genève après minuit ; dans quelques rues il y avait encore quelqu'un qui cassait des vitres ou allumait le feu aux bancs dans les jardins : je crois que cela n'avait rien à voir avec la protestation, plutôt avec le manque d'instruments, d'expression, de culture.
De qui est la responsabilité ?
La maman de Carlo
26.06.2003
Collectif Bellaciao
http://bellaciao.orgDébat le 26.06 après la seance de 19.15 à l'Espace S.Michel
anonymous ( Collectif Bellaciao ) jeudi 26 juin 2003 13:00
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=4733Avec le Collectif Bellaciao nouveau débat jeudi 26 juin après la seance de 19.15 à l'Espace Saint Michel
CARLO GIULIANI RAGAZZO
un film de Francesca Comencini
http://www.bellaciao.org/collectif/4juin.phpLes Films d'ici avec le soutien du Collectif Bellaciao vous annonce la sortie le 04 juin 2003 de "CARLO GIULIANI RAGAZZO" en exclusivité a l'Espace Saint Michel 7, place Saint-Michel PARIS et dans autre villes en France voir www.lesfilmsdici.fr
Résumé:
Gênes, 20 juillet 2001, Francesca Comencini filme, avec d'autres cinéastes italiens, la manifestation contre le sommet du G8 au cours de laquelle Carlo Giuliani, 23 ans, est tué d'une balle au visage par un carabinier. Indignée par la diffamation dont, le jour même de sa mort, le jeune homme fait l'objet, la réalisatrice décide de donner la parole à sa mère, Haidi Giuliani. Son témoignage bouleversant, contrepoint aux images de la manifestation, retrace les dernières heures de Carlo et apporte un éclairage différent sur les événements.