le mercredi 10 janvier 2007 à 01h49 | paris.indymedia.org
Hier la Bolivie a vécue une scène que l'on croyait éradiquée du manuel politique national. La police de Cochabamba (centre) a attaqué un groupe de cocaleros et d'agriculteurs qui essayaient de prendre le gouvernement du département, exigeant que Manfred Reyes Villa renonce à son poste qu'il a gagné le 18 décembre 2005 avec 57 % des voix du département.
Les protestations contre la principale autorité cochabambine ont commencé vendredi dernier, quand un groupe de cultivateurs de coca a rejoint une protestation pour exiger que l'ex-candidat à la présidence de la République abandonne son poste. Depuis ce moment, ils ont assiégé la préfecture, située sur la plaza de armas, et n'ont pas permis l'entrée de fonctionnaires publics.
Et c'est que Manfred a commis une imprudence politique. L'ex-capitaine de l'Armée a décidé de soutenir de manière décidée l'autonomie proposée par Santa Cruz et a même convoqué à un "cabildo" (assemblée qui a réuni 80.000 personnes le 14 décembre dernier. Dans son discours, il a assuré qu'il soutenait l' "indépendance administrative" de Santa Cruz et du reste de la demie-lune (Tarija, Beni et Pando) et a annoncé qu'il récolterait des signatures pour convoquer à un nouveau référendum pour que le peuple décide s'il veut une autonomie départementale à Cochabamba, vu que lors de celui du 2 juillet dernier, le Non l'a remporté par 64 pour cent.
Dans le berceau politique d'Evo Morales, ces phrases équivalent à rien de moins qu'à un suicide politique. Ce fut d'abord le sénateur du Mouvement au Socialisme (MAS) Omar Fernandez qui a pris la tête des protestations contre Manfred. Il assurait que les Reyes Villa était un assassin qui a fait parti du gouvernement du dictateur Luis Garcia Meza, que sa gestion à la tête de la mairie de Cochabamba a laissé un trou de 65 millions de dollars et, que par-dessus le marché, après avoir gaspillé un avantage de 12 points en faveur de Gonzalo Sanchez de Lozada lors des élections de 2002, il s'est converti en son allié après le Février noir (guerre de l'eauen 2000) et lui a retiré son soutien seulement au milieu des rivières de sang d'octobre (guerre du gaz en 2003). Cependant, les bases les plus fortes du MAS, les cocaleros, ont du venir pour que les protestations prennent de la force. Vendredi dernier, déjà 10.000 personnes encerclaient Reyes Villa. Aujourd'hui elles assurent que tout le Chapare sortira pour couper les route, comme au bon vieux temps.
Cette détermination a été prise après que le commandant départemental de la Police, Wilge Obleas, ait débuté à son poste en ordonnant d'utiliser des gaz lacrymogènes et des balles de gomme contre les manifestants. La ministre de Gouvernement, Alicia Muñoz, l'a destitué et l'a remplacé par Wilfredo Florero. L'ex-chef de la police est resté en fonction seulement deux heures. Avec des garanties de ne pas être réprimés, les cocaleros ont contre-attaqué, en brûlant la porte de la préfecture et deux véhicules.
Depuis La Paz, Muñoz assurait qu'Obleas avait obéi à des consignes de Reyes Villa, alors que le préfet assurait que, comme cela arrive avec ses huit collèges du reste du pays, les forces de l'ordre obéissent seulement au Ministère de Gouvernement. Depuis Santa Cruz, les protestations sont qualifiées d'antidémocratiques, tandis qu'Evo Morales assure que Reyes Villa récolte seulement ce qu'il a semé.
Si la logique du pays s'applique à Cochabamba, il sera difficile pour Manfred de rester à son poste, malgré le fait que dans la Police, des voix de protestation s'élèvent déjà en raison de la destitution de Obleas. Selon les policiers, ils ont seulement accompli leur devoir. Mais comme au bon vieux temps.
Sucre, Pablo Ortiz, Pagina/12 (Argetine), 09 janvier 2007. Traduction : Fab, santelmono-log.org