Nice : blocage de la "zone rouge" cette nuit
by Spasme 7:10pm Tue Dec 5 '00 contact@spasme.org
Depuis 23h, les alentoures d'Acropolis ou se tiendra
le sommet est bloque à la circulation.
Premier embouteillage en pline nuit.
Ce mercredi 6 décembre, à la veille du l'ouverture du Sommet Européen de Nice, une manifestation a rassemblé plus de 70.000 personnes dans la ville française. La majorité des manifestants étaient présents sous la bannière de la Confédération européenne des syndicats (CES).
A ces syndicalistes se sont ajoutés beaucoup d'associations de chômeurs, d'immigrés, de comités écologistes, de groupes communistes et anarchistes, des autonomes, des militants kurdes et turques, des collectifs de femmes, des militants basques et corses, etc.
Au départ, il devait y avoir 2 manifestations différentes : les syndicats d'un côté et les « anti-mondialisations », associations de chômeurs, Attac, groupes et partis de gauche, etc. de l'autre. Finalement elles se sont unifiées au dernier moment, même si leurs revendications n'étaient pas les mêmes. En effet, la CES soutient l'adoption de la Charte des droits fondamentaux mais critique sa tiédeur tandis que le Collectif pour un contre sommet (regroupant des très nombreuses associations) rejete cette charte.
Le trajet autorisé, par le maire de Nice, ancien membre du Front National (fasciste) pour la manifestation n'était pas suffisamment long. C'est pourquoi des syndicalistes pliaient déjà leurs drapeaux avec le sentiment du devoir accompli quand la fin du cortège commençait seulement à marcher. Cette manifestation s'est déroulée dans le calme et la plupart des syndicalistes, comme c'était prévu, sont retournés dans leurs pays (en avion) après le défilé.
Le soir du 6 décembre, 2.000 personnes se sont retrouvées dans le gymnase Leyrit pour participer à un meeting. Susan George a pris la parole pour annoncer la deliquescence actuelle des institutions internationales et que le changement ne viendrait pas d'en haut. François Dufour, quant à lui, s'est exprimé au nom de la Confédération paysanne. Il a expliqué, entre autres, pourquoi le célèbre José Bové n'était pas là. En fait, le porte-parole de la Confédération paysanne a été intercepté mercredi à Paris par les forces de l'ordre et violemment plaqué au sol, alors qu'il tentait de pénétrer dans les locaux du prestigieux Automobile-Club, place de la Concorde, où se tenait une conférence agricole sur l'OMC avec Mike Moore, le patron de cette institution.
Comme à Prague, des centaines d'Italiens se mobilisèrent pour participer aux manifestations de Nice. Comme à Prague, ils prirent un train 'Global Action Express' pour voyager. Comme à Prague, les 1.500 Italiens de Ya Basta, Tuti Bianchi, Rifondazione Communista, furent bloqués à la frontière. Les autorités italiennes eurent beau protesté, les autorités françaises cachées derrière des cordons de centaines de CRS refusèrent de laisser passer les Italiens. Certains tentèrent malgré tout l'aventure à pied. Les activistes se retrouvèrent ainsi bloqués dans la ville italienne frontalière de Vintimille où ils arrivèrent à 24h30. La gare étant encerclée par les carabinieris, les militants italiens dormirent dans le train. Ils squattèrent même un autre train pour avoir plus de place.
à la frontière à Ventimiglia
Le lendemain, après quelques discussions, les manifestants sortèrent de la gare en cortège pour se rendre au Consulat de France. La police italienne chargea immédiatement, des combats assez durs eurent lieu. Les carabinieris tirèrent des lacrymo à 'tirs tendu'. Plusieurs personnes ont dû être transportées à l'hôpital. Après les affrontements et après avoir atteint le Consulat, les Italiens décidèrent de retourner à la gare. Ils ont ainsi manifester dans la ville frontalière. Ils ont discuté avec les habitants et ont repris ensuite le chemin du retour.
A Gênes, Rifondazzione Communista a appelé à manifester et réclame la démission du préfet responsable de la violence policière à Vintimille.
Par rapport au blocage du train, à Nice, à la fin de la grande manifestation et alors que se déroulait le meeting du contre-sommet, des milliers de manifestants sont allés occupés la gare de Nice en exigeant l'ouverture des frontières pour les militants italiens. Par la suite, les CRS attaquèrent les occupants et les virèrent de la gare. Quelques échauffourées eurent lieu ensuite au centre de la ville de Nice.
Encore par rapport au blocage des Italiens, des Espagnols et des Français se sont rendus à la frontière pour soutenir leurs camarades de lutte.
Pendant toute la nuit du 6 au 7 décembre, les flics ont patrouillé pour contrôler systématiquement tout groupe de plus de trois personnes.
Jeudi 7 décembre, à l'aube, des milliers de manifestants se sont dirigés vers l'Acropolis (lieu où se déroule le sommet) pour y bloquer l'accès. Plus ou moins 5.000 à 6.000 personnes ont formé différents cortèges pour harceler les participants au Sommet et les tr ès nombreux flics qui les protégent. L'arrivée des chefs d'Etat à l'Acropolis n'a pas été réellement perturbée. Par contre dans la rue, le calme de la veille a fait place à d'assez violents affrontements avec les forces répressives. La circulation a été bloquée dans de nombreux endroits de la ville. Les manifestants se sont faits chargés et ont aussi chargé à leur tour contre les très nombreux barrages policiers qui gardaient le périmètre de sécurité du Sommet. Un nuage de gaz lacrimogène s'est formé au dessus de la ville côtière au point que le système de ventilation de l'Acropolis l'a aspiré et a fait (il paraît) éternué le président Chirac.
Il y eut donc des combats,des incendies de banques, des vitres brisées. Quelques arrestations aussi. Les manifestants n'ont pas pu atteindre l'objectif. Celui-ci étant trop bien gardé par des flics qui sont allés jusqu'à faire du porte à porte dans la « zone rouge » pour recenser les riverains un par un.
Les 2.000 délégués européens sont en effet bien protégés. Outre la présence de forces policières diverses provenant de toute la France (de forces militaires également), des dispositifs d'interception sont prêts à intervenir sur mer comme dans l'espace aérien en cas d'intrusion dans la zone de sécurité.
On a pu assister aussi ce matin à l'intervention d'une quarantaine de BAC (flics des Brigades Anti Criminalité) qui sont entrés en action dans la zone de conflit du centre de Nice. Il étaient, entre autres, armés de "flashballs", pistolets à balles en caoutchouc, et ont fait la chasse aux petits groupes de manifestants isolés...
Après les événements de ce matin, de nombreuses personnes se sont repliées vers la salle Leyrit, centre du contre-sommet. Ce gymnase a été, par après, évacué de ces 2.000 personnes par les flics à l'aide de lacrymo et de canons à eau.
Ce matin aussi, L'assemblée des ONG et des associations européennes, nommées "Carrefour de la société civile", s'est tenue à Nice pour discuter des possibilités de travailler à une véritable Constitution européenne qui ne reste pas une simple déclaration de principe. Cette réunion a adopté une motion présentée par Raffaele Salinari qui dénonce comme "anti-européenne" le comportement des autorités françaises par rapport au train de manifestants italiens.
Cet après-midi, quelques antifascistes se sont affrontés au service d'ordre du parti néonazi de Le Pen (le Front national) qui avait organisé un rassemblement avec la bénédiction de la mairie. Les flics n'étaient plus là et un antifasciste a été gravement blessé.
Eut lieu également une manifestation de fédéralistes européens. Un groupe de jeunes fédéralistes a notemment organisé un sitting qui fut violemment réprimé par les CRS, quinze minutes après l'adoption par les chefs d'Etat européens de la fameuse Charte des Droits fondamentaux, charte contre laquelle étaient organisées les mobilisations de ces deux derniers jours.
Cette après-midi aussi, des autonomes ont mené des actions « boules puantes » (banques, supermarchés et buffalo grill) pour « montrer aux gens de façon concrète qu'il y a des choses qui puent dans le monde". Les lieux ont dû être évacués.
Au soir, des manifestants étaient (déjà) en train de rentrer chez eux en tentant de traverser les filtres policiers à la gare de Nice. D'autres tenaient une assemblée générale à la salle Leyrit, récupérée par les manifestants (semble-t-il) après l'évacuation de cette après-midi.
Autres infos : Dans le cadre de la mobilisation pour se rendre au sommet de l'Union européenne de Nice, des collectifs s'étaient constitués dans l'hexagone pour s'y rendre en trains gratuits. Dans de nombreuses villes françaises (Paris, Nancy,Dijon, Lille, Lyon, Bordeaux, Montpellier, Toulouse...) les gens se sont donc retrouvés pour partir ensemble. A cela les pouvoirs publics et politiques ont surtout répondu par la répression: occupations des voies de chemins de fer et évacuation par les flics, négociations pour un bas tarif, fouilles, charges de police, blessés et arrestations,
Suite aux gros problèmes de logement pour les manifestants, des squats se sont ouverts à Nice Par contre, un squat a été évacué par les flics
Dans la nuit du 6 au 7 décembre, des manifestants ont logé dans la salle Leyrit prévue pour les débats
Une soixantaine d'arrestations ont été constatées (une trentaine selon la radio publique belge) Des blessés du côté des manifestants et des forces de police
Des militants 'anti-mondialisation' se sont retrouvés aussi à la frontière avec la principauté de Monaco pour protester contre ce paradis du blanchiment d'argent.
Normalement une action de solidarité a déjà eu lieu en Irlande et en Italie. A Bruxelles, 200 personnes se sont rassemblées le 6 décembre pour soutenir les manifestants de Nice.
Fred (IMC Belgium)
fredolevhotmail.com
source
http://france.indymedia.org
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Nice 2000
Correspondance samizdat.net
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