Plus de 35 000 personnes se sont rassemblées à Cologne pour une manifestation colorée contre le sommet européen sous un très beau soleil et des températures avoisinant les 30°.
Les manifestants provenaient de nombreux pays comme la France, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas, la Suède, la Finlande mais aussi la Colombie, les Philippines et encore beaucoup d'autres.
Une délégation de la Caravane Intercontinentale y participait également, composée de fermiers, de pêcheurs et de représentants de mouvements sociaux d'Inde, du Népal et d'autres Etats. Ils ont croisé les membres de la caravane à vélo "la bourse ou la vie" venue de Prague en passant par Berlin et Wendland et présents dans la manifestation sur leur tracteur.
Le cortège était ouvert par les Marches européennes contre le chômage, la précarité, l'exclusion et le racisme.
Une grande marche avait commencé le 11 Mai à Bruxelles pour arriver à Cologne le vendredi soir précédent la manifestation. Elle se composait d'un large bloc de radicaux et d'antifascistes européens
portant le slogan "Combattons l'Europe Forteresse", un cortège d'anarcho-syndicalistes, de féministes préparant la marche des femmes de l'an 2000, un cortège kurde, la caravane pour les droits des réfugiés et des migrants, etc...
Le cortège se mit en marche vers 14h30. La police, équipée de pied en cap pour réprimer une émeute, encadra les groupes antifascistes dès le départ de la manifestation. Par pure provocation, la police brutalisa à plusieurs reprises certains manifestants, tenta d'extraire certaines personnes afin de les arrêter. Quatre personnes furent blessées durant la manifestation.
La police finit par imposer une rupture dans le cortège, isolant le bloc antifasciste et l'immobilisant pendant que la première partie du cortège arrivait au terme du parcours. Le tracteur et le wagon "La bourse ou la vie " fut contrôlé ainsi que l'identité de ses passagers après avoir quitté la manifestation.
L'excuse des policiers était qu'ils étaient soupçonnés de posséder de petites catapultes et de distribuer des projectiles aux autres manifestants. Malgré tout, le bloc antifasciste réussit à terminer la manifestation.
Une courte pièce de théâtre fut présentée sur la scène par des antifascistes de Goettingen pour dénoncer la guerre dans les Balkans. Les manifestants apprirent en fin de manifestation le décès d'un réfugié soudanais, assassiné pendant sa déportation de l'aéroport de Francfort. La police des frontières lui mit un casque de moto sur la tête, pieds et poings liés alors qu'on le traînait sur la piste. Quelques temps après ces brutalités, il décéda d'une attaque cardiaque. Voilà encore une illustration crue de la politique agressive de refus d'asile prôné par la Communauté européenne et une raison supplémentaire pour protester contre cette politique.
Ce n'est évidemment pas la première fois que ce genre de tragédie se produit dans nos aéroports... Récemment nous commémorions à Cologne, la mort de Semira Adamu en Belgique où la police l'avait étouffé à l'aide d'un oreiller durant le vol pour le Togo. Cet événement avait entraîné la démission du Ministre belge de l'intérieur.
Les manifestants de ce 29 mai à Cologne étaient aussi venus pour dénoncer ces crimes, demander le droit d'asile pour tou(te)s et réclamer des sanctions à l'encontre des policiers meurtriers.
La manifestation fut close par la lecture en différentes langues de la déclaration des Marches européennes.
Alors qu'il s'en retournait au camp de Cologne-Ossendorf, un des membres de "La bourse ou le vie" fut agressé par les occupants fascistes d'une voiture qui l'avait suivi. Les fascistes se rendirent ensuite à la police pour se déclarer victimes d'une agression de trente personnes. Notre ami de "La bourse ou la vie" a dû être hospitalisé pour de multiples contusions au crâne et une blessure à la jambe.
31 mai 1999