Bulletin d'information
de l'ICC

Caravane intercontinentale
de solidarité et de résistance

numéro 2, le 5 juin 1999


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http://tmtm.homelinux.org/caravan/icc
et:
www.stalk.net/caravan
www.power-xs.de/caravan
www.rfb.it/icc99
 

Une nouvelle semaine de caravane

Nous voilà donc déjà presque à la moitié de la caravane - 500 personnes des pays du sud voyageant travers l'Europe pendant un mois, pour s'opposer aux structures économiques mondiales, aux activités des multinationales du nord, aux technologies génétiques, à la guerre et à la menace nucleaire. À Cologne tout baigne à part les Bullen (flics made in Germany) qui vous empêchent même parfois de franchir un simple pont. Un tas de choses se passent partout, alors allons-y...

Actions spontanées contre les OGM en Angleterre

Nous avons reçu ces notes relatives à la caravane en Angleterre de Katherine. Ça a plutôt l'air pas mal !

Vendredi, jour du rapport public à Londres, un rapport du Nuffield Council a été rendu public qui qualifiait le développe-ment de l'ingénierie génétique alimentaire d'"impératif moral" pour nourrir le tiers monde, la feuille de chou était pleine d'images d'enfants du tiers monde mourant de faim, grattant la poussière. C'était nauséeux à l'envi. Ce rapport n'a PAS MÊME consulté UNE SEULE personne d'un pays en voie de développement à part ses 87 soit disants experts. Grâce à l'absolue intelligence supérieure de ceux qui ont mené campagne contre les OGN, les divers matériaux génétiques et autres, qui ont mis sur pied un groupe de travail improvisé extérieur au rapport pour organiser un plan de bataille, à quatre heure précises, nous avons interrompu la réunion et nous avons commencé à marcher, paysans en tête, avec des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "Le Contrôle Alimentaire Vous Ronge" ou "Dites non aux OGM", ils scandaient "OGM, hai, hai", nous avons quitté la route principale pour gagner les bureaux de la Nuffield Foundation qui, par chance, ne se trouvaient qu'à quelques dix minutes de là. La foule a bloqué le groupe de pression et a négocié pour obtenir que cinq Indiens, un traducteur et trois des nôtres entrent. Nous nous sommes entretenus avec le directeur et un de ses assistant pendant une demie heure-trois quarts d'heure, tous deux étai-ent assez surpris et mal à l'aise, mais urbains. Les paysans leur ont fait part de leur surprise à la lecture des trouvailles du rapport, de leur déception de voir leur point de vue absent. Surprise et déception qui les amenaient en ces lieux. Ils leur ont expliqué que leur problème n'était pas de produire de la nourriture - en fait, les prix des pay-sans pauvres demeurent bas à cause de la surproduction et de l'entreposage qui reste un problème - mais de la distribuer, et ils ont critiqué ingénierie génétique appliquée à la culture et l'agriculture intensive. Il était déjà tard, je ne sais donc pas quelle a été la couverture médiatique - il y a certaine-ment eu une grande photo avec une grosse légende dans le Guardian (of course !) le lendemain. Nuffield a déclaré qu'il trans-mettrait le message au conseil bioétique. J'ai subtilisé un formulaire de demande de subvention du groupe de pression en sortant, si quelqu'un a une bonne idée pour l'utiliser · Forum Bioétique du Sud, Les racines de l'herbe ?! ...

Occupation rurale

Dimanche, une fois de plus grâce au génie salvateur de ceux qui font campagne contre le génie génétique, gens que je vais aimer à tout jamais, nous avons dévié la caravane vers un squat agricole. Il s'agissait du site d'expérimentation de Monsanto, dans l'Essex qui avait été nettoyé par des mani-festants quelques semaines auparavant. Nous avons marché à travers les champs et un des occupants dit, que, quand il vit les premiers Indiens avec leurs turbans, leurs rubans roses sur leurs calicots et leurs chants, il en eut les larmes aux yeux. Ces gens génétiques avaient monté un petit camp, avec de nouvelles plantations de légumes, des stands d'information sur la génétique, un trépied, des beuveries. Ils nous ont accueillis avec une gigue irlandaise [NDT: danse] accompagnée de violons et de flûtes. Une théière anarchiste qui a aussi terminé complètement ébréchée nous a préparé un grand ragoût pour tout le monde. La police vint, tendre, bien qu'elle semblât être une surveillance aérienne. Nous avons tous pris le thé, nous avons échangé des propos relatifs à la génétique et aux campagnes politiques, et, de façon générale, nous avons devisé et savouré le fait de ne pas être à Londres. Quelques activistes ont montré des techniques d'attachement de trépied aux paysans, et ont échangé des banderoles avec eux. Une belle image, un grimpeur escaladant le trépied pour y joindre le drapeau du syndicat paysan du Penjab à celui de Reclaim the Streets qui y flottait déjà. Les paysans ont planté des légumes organiques dans le sol du feu champ d'expérimentation et les ont arrosés. Cela était incroyablement émouvant. Un des paysans a chanté des chansons du Penjab pendant que Dave jouait du sitan (une sorte de banjo) pour l'accompagner. C'était un mélange vraiment magnifique de musique occidentale et orientale. Cela a pris pour des raisons particulières : le chanteur, Jagdish Singh interprétait une chanson de résistance à la domination coloniale anglaise alors que les squatters chantaient une ballade irlandaise ... sur le même thème. Jagdish a ensuite interprété une chanson qu'il a résumée par après : "c'est une promesse à notre gourou de ne jamais s'en aller de nos champ de bataille" et les campeurs restant toute la nuit dans le champ de dire "Nous aussi". Nous avons tous été soufflés par cette journée, c'était vraiment, vrainment particulier. Il y avait là une journaliste de l'Économist qui nous accompagna. Quand je lui demandai ce qu'elle pensait de ce squatt agricole, elle répondit "positivement génial! J'ai tenu plus de conversations intelligentes ces trois dernières heures que ces trois derniers mois à hanter les cafés de South Kensington." (je ne pense cepen-dant pas que cela présume du contenu de l'article).

PLEIN d'affection et de courage à tous - et j'espère pour beaucoup plein de moments d'inspiration géniale ces trois prochaines semaines.
On se revoit à Cologne
Katharine.

D'autres couvertures médiatiques

Les médias anglais nous ont consacré 4 ou 5 articles dans le Guardian, quelques uns dans la presse asiatique, deux interviews pour la radio BBC (l'une pour la section internationale et l'autre pour BBC South East, interview filmée qui doit également être diffusée dans une campagne génétique.), un autre article dans d'Inter Press (« Des paysans du sud de l'Asie manifestent à Londres. » - www.oneworld.org/ips2/ may99/04); le BBC Food programme; sans doute quelque chose dans le Big Issue, dans le Head Magazine, dans le Red Pepper. En Italie le Corriere della Sera, le plus grand journal italien, a publié une photo des croix blanches que nous avons plantées mercredi et a écrit : Les croix de la misère : un champ de croix à Viale elvezia, fleuve de cuillers muet pour rappeler l'horreur de la misère et la guerre de la « néocolonisation » du sud, du déséquilibre entre les pays riches et les pauvres, des ravages de certains traités commerciaux. Une délégation de la Caravan 99 — une association [sic !] mani-festant ces jours-ci dans plusieurs villes européennes qui est arrivée hier à Milan, invitée par le Léoncavallo & voulait repré-senter tout cela au moyen d'une image forte : ces croix de deuil blanches emplis-saient le parc derrière l'Arena pendant toute la journée.

Action Monsanto en Belgique

Ce vendredi le 28 mai, une partie de la caravane intercontinentale était en France, invitée à l'Assemblée Nationale. Une autre partie était en Belgique, à Louvain-la-Neuve plus exactement, pour manifester devant le Centre Technique Européen de Monsanto. Après le repas végétarien-bio de "Chez z'elle", un cortège de 500 personnes s'ébranle, très canalisé par la police (qui nous a forcés à passer à travers un zoning avare de travailleurs, pour éviter la cité estudiantine où nous aurions peut-être eu l'occasion de renforcer nos troupes. Des télévisions sont présentes tout de même, et font des interviews, ou filment les échanges entre des agriculteurs flamands déjà pris au piège des contrats avec les marchands de semences, et les paysans Indiens. Beaucoup de jeunes échevelés et quelques associatifs timides, mais présents tout de même (Nature et Progrès, et Oxfam Solidarité notamment). Devant le siège de Monsanto, des discus-sions s'entament. Michel Somville, "Monsieur débats OGM" en Belgique (Centre d'Études et de Formation en Écologie), repère derrière les grilles de Monsanto, son interlocuteur habituel qui représente la firme dans les confronta-tions télévisées. "Si on organisait une délégation qui irait discuter avec les représentants de la société ?" propose-t-il.

Les Indiens n'en veulent pas, de cette concertation "à la belge", trop molle pour eux, et l'expliquent patiemment à travers un porte-voix". "Messieurs de Monsanto, nous ne voulons pas de vous dans notre pays, car avec des entreprises comme vous, il n'y a pas moyen de négocier". Les rapports de force étant ce qu'ils sont, tout le monde, y compris "Monsieur débats OGM", approuve leur point de vue. Les discussions se poursuivent cependant, de part et d'autre de la grille, comme si nous étions venus rendre visite à des prison-niers. Finalement deux journalistes franchiront le sas, "pour pouvoir entendre les deux parties", disent-ils. Et les "actions directes non violentes" ? Le site longe l'autoroute Bruxelles-Namur, on pourrait tenter une incursion pour se faire voir des automobilistes ? Les jeunes organisateurs de l'accueil de la caravane en Belgique ne le sentent plus. Le centre technique européen de Monsanto est bien gardé. Et, ce soir, on organise une Street Party contre la guerre, à Bruxelles. En fait, on n'a pas tellement envie, là maintenant, de se retrouver en taule ...

A 23h, l'ambiance bat son plein sur le Parvis St Gilles Bruxelles, après une Street Party qui a surpris tous les passants. On n'avait jamais vu ça, dans les rues de Bruxelles. Au fond, les jeunes, on vous comprend : où y a d'la gêne, y a peut-être des gènes, mais y a pas d'plaisir!
Antoinette Brouyaux

Manifestation radicale à Cologne

Le mouvement gauchiste radicale à Cologne s'est mobilisé à l'occasion d'une manifestation et d'un contre sommet s'opposant au sommet européen (les 3 et 4 juin). Après de difficiles négociations, les policiers et les organisateurs de la manif' sont finalement parvenus à un accord sur l'itinéraire. Cependant, la police a insisté pour que les deux voitures avec haut-parleurs soient fouillées de fond en comble. La présence policière était plus importante que pendant la manifestation des Marches Européennes de ce samedi 29 mai. Bien que la police ait escorté les manifestants en permanence, elle s'est en plus sentie obligée de distribuer des tracts où on pouvait lire : « Tout le monde a le droit venir exprimer ses opinions ensem-ble, pacifiquement, sans armes. C'est l'une des tâches de la police de garantir ce droit fondamental. (...) Ihre Kölner Polizei." [NDT :Votre police de Cologne].
En arrivant au point de rendez-vous à l'Ebert Platz, la caravane a été reçue avec enthousiasme par la foule des quelques 3500 manifestants. Des discours par haut-parleur interposés ont été réservés à des membres de la caravane tels que Ghopal (Népal), Popodu (Karnataka), Diana Damian (Mexique) et les deux femmes du Bangladesh. En Allemagne, on peut être poursuivi pour ce qu'on dit pendant une manifestation. C'est une des raisons pour lesquelles les fenêtres des voitures ont été recouvertes pour rendre l'identification des intervenants plus difficile pour la police. Quelques uns des discours des membres de la caravanes ont été si musclés que les gens n'avaient même plus besoin de traduction pour applaudir ou siffler. La caravane a manifesté sa solidarité avec les multiples luttes représentées à cette manifestation et elle a appelé à une résistance mondiale contre l'ordre économique mondial actuel. L'un des moments les plus émouvants fut quand l'une des femmes interpréta une chanson de résistance interdite au Bangladesh. La manifestation a rassemblé beaucoup de monde venu de toute l'Allemagne, ainsi que d'autres régions d'Europe. La manifestation visait essentiellement la forteresse Europe et le problème de l'immigration. C'est un sujet très chaud en ce moment outre Rhin depuis que la police allemande a tué un réfugié soudanais il y a quelques jours alors qu'elle le forçait à monter dans un avion pour regagner son pays.

Trois caravanes différentes étaient présentes à la manif' : Geld oder Leben [NDT : La bourse ou la vie], la caravane pour les droits des migrants et des réfugiés, qui avait été placée en tête en signe de protestation contre le décès du réfugié soudanais. La délégation hollan-daise a arboré son désormais célèbre étendard « EU-Rot op !. La manifestation s'est aussi illustrée par son opposition à la guerre, à la répression policière et au projet capitaliste supranational nommé Union Européenne. Les gens de l'ICC étaient fort fatigués, aussi se sont-ils retirés de la manifestation avant son terme. Terme qui vit la police provoquer les manifestants en arrêtant l'un d'entre eux. Tous se sont alors arrêtés au milieu de la rue en criant pour qu'on libère cette personne. La situation semblait devoir s'envenimer quand plusieurs centaines de policiers ont entouré la rue en un moment. En fait, la police a montré une lueur d'intelligence en relâchant la personne interpellée, permettant aux gens de terminer la manifestation tranquil-lement, en musique et avec quelques douceurs de bouche. La manifestation n'a donc pas tourné à l'émeute contrairement à ce que beaucoup auraient pu supposer dans une ville bourrée de 12 000 flics. Frauenveranstaltung: un meeting de sœurs révolutionnaires

Après la manifestation (et en dépit de leur fatigue), les femmes sont allées au Alte Feuerbache (là où se déroulaient les deux contre sommets) pour un meeting de femmes. Comme nous avions perdu tout le monde après être partis de la manifes-tation, je les ai emmenées là sans avoir aucune idée de l'endroit, du comment et du pourquoi. Heureusement, là-bas, nous avons retrouvé Chris qui leur avait apporté de la nourriture; nous avons organisé les traducteurs en bengali, kanada et espagnol et nous avons trouvé la salle. Pas mal. Bien que je n'avais pas prévu de rester là-bas, 'Frauenveranstaltung' n'éveillait pas en moi une passion déchaînée (ô préjugés); je restai dans le coin pendant un moment et finis par avoir une de mes meilleures soirées jusqu'à maintenant !! Anita Sahai était venue spécialement d'Aix-la-Chapelle pour parler de la situation des femmes en Inde. Elle a expliqué les différences entre le nord et le sud de l'Inde. Dans le sud les femmes jouissent généralement de plus de droits que dans le nord, elles disposent en outre de meilleurs accès à l'éducation. Au nord comme au sud, les femmes des castes supérieures subissent davantage de restrictions que celles des castes plus basses. Dans certains cas, les femmes des castes supérieures ne peuvent même pas entrer dans leur salon quand on y reçoit un hôte. Globalement, la situation des femmes est devenue plus pénible. La situation économique a obligé les femmes à travailler hors de chez elles aussi. Cependant, cela n'entraîne pas un processus d'émancipation ; cela augmente simplement la somme de travail que les femmes doivent effectuer, puisque les hommes se refusent à partager les tâches ménagères.
Parvati Kalasannavar (Karnataka) a également parlé de la lutte des femmes contre les semences des multinationales dans les familles paysannes, des dangers sanitaires liés aux produits génétiquement modifiés.

Salomi Mathew (Karnataka) a expliqué que les femmes indiennes étaient d'abord oppressées par leurs parents, ensuite par leurs maris et, avec l'âge, par leurs enfants. Elle a aussi dit que c'était un tableau d'ensemble et qu'il y avait heureusement également des hommes bons. « Nous devons nous battre pour nos droits, et pas seulement en Inde ! » Selon Bahnishikha Jamali (Bangladesh), les femmes en Iran, au Sri Lanka, en Inde et au Bangladesh souffrent toutes des mêmes problèmes, elles sont esclaves de leurs pères, de leurs maris et de leurs fils. Malgré le leadership féminin que le Bangladesh a connu (deux premiers ministres), la situation de la femme ne s'est pas améliorée. La même constat vaut pour l'engagement de nombre d'ONG, qui n'ont pas été capables d'aller au cœur du problème et qui n'ont pu financièrement émanciper les femmes au Bangladesh. Le processus de mondialisation, d'autre part, a augmenté l'exploitation économique et sexuelle des femmes.
Après avoir salué leur sœurs révolutionnaires, Shamsun Nahar Khan (Bangladesh) a expliqué que les femmes dans son pays ne possédaient pas le sens économique du combat. Les femmes doivent même parfois demander à leur mari ou à leur belle-mère la permission pour se procurer un verre d'eau ou un peu de nourriture. Elles peuvent être expulsées de leur maison par leurs maris, forcées de fuir leur village sans leurs vêtements, sans argent. Cependant, dit-elle, la férocité de l'oppression a fait naître la férocité de la résistance, de ce point de vue, la période coloniale inspire cette lutte.

Diana Damian(Mexique) a parlé du fait que la participation des femmes telles qu'elle dans les mouvements zapatistes les faisaient respecter davantage des hommes. Ce ne sont que les premières étapes cependant; les femmes qui se battaient d'abord pour la démocratie se battent maintenant pour des droits égaux entre les hommes et les femmes. Elle fit une remarque spéciale au sujet des homosexuelles qui ne devraient pas être confinées dans des chambres fermées pour vivre de la façon qu'elles ont choisie; mais elles devraient être capables de s'exprimer et de se mouvoir librement.

En plus il y avait de la musique, des danses indiennes et une contribution vocale de 3 femmes de Karnataka !

La caravane atteint l'Italie!

Ce compte-rendu reçu de Guiliano:
Les bus sont arrivés à 16 heure, la journée a donc commencé bien tard. Juste le temps de prendre une douche, de se sustenter — choses qui prennent des heures si vous les multipliez par 270 — et il y avait deux échéances : la réunion de présenta-tion et une manifestation contre la guerre, l'une des nombreuses qui allaient se dérouler sur la péninsule, du nord au sud. La réunion de prise de contact fut assez douce - les différents mouvements participant à la caravane se sont présentés, et ont aussi abordé des questions pratiques telles que la distribution d'un plan de la ville à tous les Indiens avec des numéros de téléphone de référence, de change et de cartes de téléphone.
Pour finir, nous avons présenté la manifes-ation pour la paix et nous avons demandé aux participants s'ils n'étaient pas trop fatigués après un aussi long trajet en autobus — de Paris à Milan - pour y prendre part. À 18:30, il y a eu la mani-festation organisée à la Piazza Castello par les « Women in black », un groupe pacifiste essentiellement féminin fort préoccupé par l'aspect humain de la guerre, entre autre CE QU'ELLE COUTE À L'HUMANITÉ ! ! ! Les membres de la caravane qui ont désiré participer à cela se sont rassemblés dans la cour du Léoncavallo - surprise, ils étaient presque tous là. Donc, bus à l'oeil car les conducteurs de bus étaient fatigués, jusqu'au centre — le Château — d'où la manifestation partait. À 19:00, quelque 2000 personnes marchaient autour du parc entourant le château et, après s'être promenées un peu, elles ont planté 350 croix blanches à l'Arena pour symboliser les enfants tombés ces derniers jours par la folie meurtrière des bombardements de l'OTAN et du nationalisme serbe. Tout allait à la perfection, mais, détendus comme on l'était, il se faisait tard. Retour donc au Léoncavallo pour un dîner avec les Madres de la Plaza de Mayo (Mères de la Place de Mai). Il y avait assez bien de monde mais ça a été réduit au minimum pour pouvoir terminer à minuit et pour que les gens puissent se reposer - bien que certains participants à la caravane aient prolongé leur présence jusqu'à trois heure du matin.
Les participants qui sont venus ici sont fantastiques. Franchement, j'ignore où ils trouvent cette énergie. Ils ont montré un enthousiasme vraiment inattendu, partici-pant à toutes nos initiatives et communiquant vraiment avec nous tous jusque tard dans la nuit après la réunion. C'était donc une journée très chaleureuse, encore plus éreintante. Les premiers jours italien ont débuté sur les chapeaux de roue. Cependant, demain cela pourrait être plus difficile. Cette caravane n'est pas franchement appréciée du pouvoir et de bien d'autres, il y a eu des problèmes pour organiser le train spécial pour Rome. Hier, la police a déclaré que nous ne pouvions l'obtenir bien qu'ils aient affirmé le contraire quelques jours auparavant. Un tel changement d'attitude est assez étrange : peut-être quelque pouvoir occulte a-t-il actionné quelque levier ?

Manifestation à la bourse

Après le petit déjeuner près de 500 personnes se sont rassemblées à l'extérieur du Léoncavallo pour une autre visite au centre de la ville : à la bourse cette fois, une des plus importante d'Europe et siège du quartier général de l'une des plus géante opération spéculative en Europe ces dernières semaines : l'éventuelle future fusion entre les télécom italiennes et allemandes, une opération financière typique qui vole des centaines de millions de dollars des poches des « moutons » formant le « troupeau » de la mondialisation, ce qu'on appelle les « épargnants ». La manifestation — autorisée par la police comme l'était celle de mercredi — a commencé à 11 :30. Au début, la police ne nous aurait pas permis de manifester juste devant la bourse, mais les quelques 500 manifestants ont levé leurs mains et fait leur chemin. Après quelques négocia-tions, la police a reculé et nous a laissés passer. Jusqu'à la pause de midi, la place en face de la bourse, notamment surnom-mée « Piazza Affari » (Place des affaires), a été remplie d'écharpes vertes du KRSS, de vestes chamarrées de femmes indiennes, de turbans sikh et, bien sûr, de musique de rap africaine contestataire du Centre Social Léoncavallo. Emmener la caravane dans une place boursière constitue une expéri-ence intéressante. Les gens sont habitués aux manifestations, mais pas à 300 Indiens sortis d'une caravane, bardés de leurs habits, de leurs écharpes et de leurs slogans particuliers. C'est ainsi que la manifestation a éveillé beaucoup de curiosité, elle a fait questionner, elle a fait parler des gens sous les yeux des cols blancs, etc.

Les trains verts

Le soir, après une conférence de presse l'après-midi et un briefing général qui suivait le dîner, les 250 membres de la caravane sont partis pour la gare centrale où ils devaient manifester pour le droit au transport gratuit pour raisons politiques. La police était de nouveau là, mais il n'y eut pas de confrontation. À la fin nous avons obtenu un accord : nous devions payer un prix symbolique. D'accord pour le prix symbolique, avons-nous dit, mais pour des couchettes. Les participants de la caravane étaient fatigués (voir ci-dessous) et ils avaient besoin de repos aussi à cause de la veille au soir. Marchandages encore et, pour finir, une solution a été trouvée: des couchettes pour tous pour plus ou moins 10 000 FF. La caravane est donc partie pour Rome vers 23 :00.
(P.S. Nous avons entendu dire que l'action à la FAO de Rome était super, mais nous en attendons des nouvelles.)

l'ICC a Iruña

40 représentants de groupes paysans, d'opposants au barrage, de pêcheurs et de femmes ont participé à une intense journée de revendications à Iruna (Irun) dans le cadre de la Caravane interconti-nentale de solidarité et de résistance qui traverse toute l'Europe.
Le matin, nous avons fait une grande conférence de presse à la place centrale du Castillo avec une grande affluence d'organes de presse — et même de télévision. Nous y avons développé la menace pour l'Inde et pour toute l'humanité que font peser la mondialisation et les accords de libre échange imposés par l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), les multinationales et les organismes génétiquement modifiés (OGM, transgéniques). Nous y avons en outre stigmatisé la situation de la femme et sa dégradation due au nouvel ordre écono-mique néolibéral, la situation des pêcheurs traditionnels et les projets de barrages mégalomanes de la vallée de la Naramada en Inde.
Ensuite, le groupe s'est déplacé à l'Université publique et, avec l'appui de la Plataforma Navarra contra transgénicos (Plateforme navarraise contre les OGM), nous avons parcouru l'université au son joyeux de la musique de trikitixa, « occupant » pour la première fois la bibliothèque où un paysan indien a exposé ses réticences devant le mythe du « progrès scientifique » et il a condamné ceux qui imposent les OGM, vu que ces paysans savent déjà qu'ils ne résoudront pas le problème de la faim dans le monde puisque ce problème est lié à la distribu-tion. Quelques 'professeurs' s'indignèrent mais la grande majorité prit congé des Indiens avec une grande ovation. Et de là, nous sommes allés au Centre d'Investigations Biotechnologiques qui appartient à l'université, centre où se font des expéri-ences avec le poivron navarrais manipulé génétiquement.

Ce centre a été occupé et, à la fin, le directeur a consenti à écouter les doléances de la délégation indienne leur concédant une « audition » dans son bureau. Nous avons collé une pancarte avec « Transgenic Stop! » et la délégation indienne, assise, a occupé l'intérieur du bâtiment. De là, nous nous sommes dirigés vers le Gaztetxe (centre social squatté) pour y manger. Comme il y avait beaucoup de monde désireux de faire connaissance avec les Indiens, chacun en a invité un.

Divers médias (alternatifs surtout) ont interviewé 5 représentants à la Maison de la Solidarité [Casa de la Solidaridad — Elkartasuren Etxea] (Zabaldi) avant que nous nous retrouvions de nouveau à la Plaza del Castillo plus de 200 personnes dénonçant ce désordre économique international, personnes qui voulaient construire une mondialisation véritable, celle des gens opposés à ce système, ici, en Inde ou en n'importe quel point du globe. Nous avons marché dans divers rues jusqu'à ce que nous arrivions au parc de la Taconera où nous avons posé un acte symbolique en y plantant une essence indigène avec une indienne, remise de cadeaux et autres protestations sur les thèmes déjà développés accompagnées d'interventions de participants de la caravane. Pour terminer, dîner et fiesta dans la ferme école Illundain où se trouvaient des résidants avec qui nous avons échangé des chansons basques et indiennes, avec de petites danses. Le mardi 1 juin, ils sont partis à Tafalla pour y visiter une ferme organique, ensuite ils ont participé à un acte de protestation sur la place centrale nouvelle de Tudèle (Navarre) avant de s'en aller pour Gallur. Parallèlement, trois autres Indiens ont voyagé en direction de La Rioja pendant toute la journée.


Cette liste est un florilège des reportages et des communiqués de presse que nous avons reçus de partout. La prochaine paraîtra, on l'espère, dans une semaine. Pour des renseignements sur les événements ICC vous pouvez vous adresser aux groupes locaux ou au bureau de presse de Cologne :


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