L'idée d'accueillir une étape de la caravane du P.C.N. sur Paris est née lors d'une réunion des personnes résidant à Paris qui avaient participé à l'accueil de la caravane anti-capitaliste avant le sommet de la Banque Mondiale et du FMI à Prague. Prirent part à cette réunion [...] qq.s noms étant en vadrouille.
A la réunion du 'Sans Titre' à Toulouse en janvier, il fut décidé d'organiser l'étape parisienne de la tournée du PCN en dehors du reste du parcours français, accompli par Jairo et Sarais [...] entre Dijon, Nantes, Toulouse, Lyon, St Etienne, Aix-en-Provence, Nantes, Montpellier et Millau, pour des raisons de calendrier. Les amis du Bénélux proposèrent alors d'intégrer une étape parisienne à la tournée que devait accomplir Jorge et Mamacuama dans leurs pays.
Plusieurs"parisiens" eurent l'occasion de rencontrer Jairo et Sarais lors de l'étape de Dijon mais la décision d'organiser une étape parisienne fut tardive. Cela se comprend : l'expérience de l'étape parisienne de la Karavane anti-Capitaliste n'avait pas été très 'encourageante' sur la capacité de cette ville à 'accueillir', s'agissant notamment de la nature des lieux de vie sur Paris, et compte tenu du fait qu'il n'existait pas, à proprement parlé, de 'groupe' parisien constitué.
Malgré cela les personnes ayant rencontré les Colombiens avaient toutes senties la force qui se dégageait de leur présence, de leur parole et de leur demande.
Nous avons voulu organisé cette étape conformément à la volonté et à l'identité qui nous semblait resortir des textes traduit du P.C.N., expliquant les objectifs et l'état d'esprit dans lequel ils se rendaient en Europe, et conformément aux principes que les 'parisiens' ont en commun et qui font qu'ils participent au 'Sans Titre' (bien que ces principes ne soient aujourd'hui pas très clairs).
Cette étape, que nous avons voulu aussi longue que possible, s'est articulée, volontairement, autour de peu de rendez-vous afin de laisser du temps pour l'organisation de rencontres plus approfondies avec les participants aux réunions et de laisser le choix d'une partie du planning à Jorgé et Mama Cuama.
Le point centrale de cette visite était une réunion 'non publique' avec des personnes ou des organisations plus ou moins engagées au niveau du 'plan' Colombie ([...]). Dés le début de la réunion l'accent été mis sur la volonté de ne pas seulement recevoir la parole de Jorgé et Mama Cuama mais également d'échanger sur des points de travail possible, sans promettre de choses que nous ne pourrions pas tenir.
Suite à l'intervention de Jorgé et Mama Cuama (qui nous a offert deux contes colombiens au cours de cette soirée), les attentes qu'ils ont exprimé portent essentiellement sur :
Les personnes présentes à cette réunion, et à la réunion 'd'approfondissement' organisée le 5 mars, ont montré un très forte connaissance de la Guerre Colombie et ont apporté des précisions concernant les points suivants :
Lors de cette réunion ultérieure du 5 mars, après un échange d'informations approfondies sur l'état des diverses oppositions en Colombie, il a été décidé que nous privilégierons les relations avec le PCN comme axe de travail et que par ailleurs, nous commencerions un travail détaillé sur les intervenants français en Colombie, entreprises, agences publiques, ONGs... selon les axes définis ci-après :
AXES de TRAVAIL proposés :
Maisons des Ensembles :
Le lundi après-midi, les Colombiens se sont rendus à la Maison des Ensembles, haut-lieu de la lutte à Paris des Sans-Papiers pour rencontrer des représentants du 9ème Collectif des Sans-Papiers.
Les Sans-Papiers ont présenté leur mouvement, l'histoire de leur lutte et fait état de leurs revendications. Cette rencontre s'est déroulée dans un contexte particulier pour eux : ces derniers mois, ils avaient multiplié les occupations de lieux (Palais de Chaillot, Eglise Saint-Bernard, permanences d'élus...). Ils entendaient imposer leur présence aux candidats aux municipales, pour rappeler surtout à la majorité plurielle ses promesses non tenues de régularisations. J'appréhendais personnellement un peu cette rencontre. Sachant les Sans-Papiers à ce moment-là très concentrés sur leur lutte, je doutais -à tort- de leur disponibilité d'écoute et d'attention envers les Colombiens ; le fait d'appartenir à des communautés noires n'étant pas un point commun suffisant pour aboutir à des projets communs de lutte.
Les Colombiens attendaient eux impatiemment ce rendez-vous. Jorge s'est passionné pour la lutte des Sans-Papiers. La rencontre a duré plusieurs heures, Jorge ne cessant de poser des questions sur les motivations des Sans-Papiers et des explications sur leurs méthodes de lutte. Dans toute l'étape parisienne, je ne l'ai jamais vu prendre autant de notes.
Les Sans-Papiers à leur tour ont longuement écouté les Colombiens. Il était clair qu'ils ont non seulement compris le Plan Colombie mais ont aussi ressenti physiquement les conditions de vie des populations sur place : l'évocation de l'histoire du PCN, des esclaves arrachés d'Afrique pour travailler en Amérique du Sud, la fuite de certains d'entre eux pour recréer des communautés libres évoquaient une période bien connue des Sans-Papiers. Ils continuaient eux-mêmes à subir les conséquences du néocolonialisme et du néoesclavagisme.
Cependant, alors que les Colombiens voyaient de forts points communs entre la lutte du PCN contre le plan Colombie et pour l'autonomie des populations locales et le combat des Sans-Papiers en France, les représentants de la Maison des Ensembles n'ont pas émis la même analyse. Pour Jorge, la situation des Noirs de Colombie et celle de France étaient des conséquences directes du système capitaliste. Il voyait donc des possibilités de lutte en commun au niveau international entre les Noirs vivant en Afrique, soumis aux dictats des entreprises et politiques occidentales, les Noirs sans-papiers de France et le PCN.
Or les attentes et revendications des Sans-Papiers étaient toutes autres : ils disaient s'être engagés politiquement par obligation, pour obtenir une reconnaissance, un dû étant donné que leurs parents et grands-parents se s'étaient battus pour et au nom de la France (sic) et que les entreprises et politiques français et occidentaux continuaient à piller les ressources de leur pays (sic). Ils voulaient avoir des papiers pour" gagner le SMIC au lieu de toucher 4000F par mois au noir" et ne voyaient pas le rapport direct entre leur lutte et celle du PCN. Les Sans-Papiers ne se battaient pas contre le capitalisme mais pour intégrer ce système au lieu d'en être les exclus et les victimes.
Malgré le fort intérêt des Colombiens, je doute -peut-être à tort- que cette rencontre soit suivie de relations sur le long terme et de projets d'actions communes oude soutien entre le PCN et les Sans-Papiers.
Réunion 'publique' du Lundi soir :
Lors d'une réunion publique au lieu occupé du Chardon dans la Savane, à Paris 20è, en présence du FMI, 60 personnes issues du voisinage, de la communauté sud-américaine expatriée et de la presse, ont entendu Jorge et Mamacuama exposer la situation des communautés noires en Colombie. A l'issue de la réunion, une liste de contacts a été établies. Cette rencontre s'est terminée par un bal à base de chansons Anarcho-FMIstes et bien entendu quelques salsita pour Jorgé...
Radio Libertaire
Jorge et Mamacuama ont donné un entretien approfondi sur la situation en Colombie et sur la situation des communautés noires, diffusé samedi 17 février en fin d'après-midi dans l'émission consacrée à l'Amérique Latine.
Note : Retranscription de l'évocation d'une partie de l'histoire des luttes en Colombie proposé par Victor (Collectif de soutient au lutte du Peuple Colombien), au cours de la discussion.
Dans les années 70 le gouvernement Colombien et les Etats-Unis lancent une campagne appelée"d'encerclement et d'anéantissement" afin d'éradiquer les poches de résistances Colombiennes. Cette campagne est un échec et se traduit par la naissance d'une réaction civil (Etudiante, syndical...) aboutissant notamment à de forts mouvements de grève en 1977. Ces groupes se fortifient jusqu'à amener le gouvernement à leur concéder une représentation nationale en 1982, aboutissant à la signature d'un cesser le feu avec le mouvement de guérilla. Ce traité n'a jamais été respecté et s'est traduit par l'assassinat d'un grand nombre de représentants des trois organisations politiques Union Patriotique, Front Populaire et Luchar (?). Il s'effectue donc un retour à la clandestinité et la création de trois branches armées de guérilla F.A.R.C., Armée de Libération Nationale (E.L.N.) et ?. En réponse le gouvernement met en place, en 1985, le groupe paramilitaire dans la zone nord (dont Choco, Lava). L'objectif des paramilitaires est de lutter contre l'ennemi interne et de s'attaquer aux soutiens civils de la guérilla (Syndicats...). En 1994 le mouvement de résistance est largement en reflux, les déplacements de population ont notamment affaiblis les syndicats. Entre 1995 et 96 il y a un nouvel élan civil, d'une nature un peu nouvelle, suite à des grèves de paysans dans le sud du pays. Il se met également en place des liens avec des mouvements du Venezuela et d'Equateur. Au Venezuela les liens s'établissent avec le mouvement"Karakasos", né d'une lutte contre le F.M.I., qui a fait 'tomber' deux présidents. En Argentine avec des mouvements paysans qui organise le blocage de la région (coupure de route...). Aujourd'hui l'Amérique latine est une 'cocotte minute' qui ne permet pas les investissements de capitaux étrangers. Concernant la situation interne, le front apparaît très éclaté avec trois organisations : i) le Commandement Unitaire (org. Paysans, associations de quartier...), ii) Le Frton Alternatif (organisation de gauche à large spectre) et le Front Social et Populaire (dont le président est également président du Commandement Unitaire).
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