S26 Bulletin
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CHRONOLOGIE DES LUTTES CONTRE
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EnvironnementPour augmenter les recettes d'exportation du Cameroun, le FMI a préconisé la libéralisation du commerce du bois et la dévaluation de la monnaie. Entre 1994 et 1995, le nombre d'entreprises d'exploitation forestière présentes au Cameroun est passé de 194 à 351, les exportations de bois ont augmenté de 49,6% entre 1995/96 et 1996/97. La forêt dense humide camerounaise est menacée de disparition dans les dix prochaines années et avec elle plusieurs centaines d'espèces de plantes et d'animaux. La Banque mondiale est la plus importante source de fonds pour la construction des gros barrages (50 milliards de dollars pour construire plus de 500 dans 92 pays.) Elle a directement financé quatre des cinq plus gros barrages, trois des plus gros réservoirs et trois des cinq plus grosses centrales hydro-électriques en Dehors de la Chine. Depuis 1948, les barrages financés par la Bm ont déplacé environ de 10 millions de personnes. Le rapport de 1994 sur la réimplantation et le développement reconnaît que la majorité des familles déplacées par des projets financés par la Banque mondiale n'ont jamais retrouvé leur niveau de revenu et n'ont jamais profité directement de ces barrages. | |
La différence est que l'emprise - et les dégâts - du capitalisme sont bien plus pénétrants, plus totaux aujourd'hui, au Sud comme au Nord. La majorité des paysans et indigènes du Sud n'avaient été qu'indirectement affectée par l'exploitation coloniale. Malgré les massacres, la traite des esclaves, les plantations, la dislocation et l'appauvrissement de leurs économies, etc., les cultures et les modes de vie traditionnels subsistaient en grande partie. Depuis bientôt vingt ans, FMI et BM utilisent le levier de la Dette et la massue des " projets de développement " pour obliger des centaines de millions de personnes à abandonner les terres, les forêts et les cours d'eau desquels ils tiraient leurs moyens de subsistance avec un minimum de dépendance au monde marchand capitaliste. Cet énorme coup de force rappelle celui, fondateur du capitalisme, des lois sur les " clôtures " du 18 e siècle. Celles-ci ont privatisé les " communs " (terres collectives traditionnelles) de Grande Bretagne, livrant un prolétariat désormais sans moyens de production aux bras accueillants des premiers capitalistes. Aujourd'hui, des lois semblables visent l'élimination de la propriété commune de la terre en Afrique ainsi qu'en Amérique Latine (d'où entre autres la révolte Zapatiste). Par ailleurs, les petits paysans du monde entier sont expulsés par le simple fait d'être directement exposés à la concurrence de l'agro-business multinational. Les pêcheurs du monde entier voient les réserves côtières éclusées par des bateaux usines, les cours d'eau ruinés par des mega-barrages. Les indigènes des forêts sont chassés par la déforestation, par les exploitations pétrolières et minières, voire par les projets de " protection de la nature ", ou d'écotourisme. Leurs cultures et savoirs traditionnels sont détruits - ou volés par l'industrie de la bio-tech. Et on s'étonne et on s'inquiète des immenses déplacements de populations qu'entraîne cette nouvelle étape du capitalisme! Bientôt la majorité des populations du Sud seront campées dans les immenses bidonvilles qui entourent chaque métropole, une proie facile pour les industriels des " zones franches " (de droits), pour les trafiquants de main d'oeuvre, de drogue, de l'industrie du sexe, d' enfants ou d'organes. Débridé, le capital finit cannibale. Les migrations intercontinentales - malgré les nouveaux rideaux de fer à l'Est de l'Europe ou au sud des Etats-Unis, malgré les noyades quotidiennes au large de Gibraltar - se font toujours plus massives. Ces déracinements affectent en premier lieu les femmes, qu'elles soient seules dans les campagnes à maintenir leur famille, embauchées dans les " maquillas " des zones franches ou émigrées comme ouvrières, domestiques au noir ou prostituées. Le capital est content. Il dispose ainsi d'un immense réservoir de main d'oeuvre au Sud et d'une masse de travailleuses et travailleurs immigrés qui font pression sur les salaires. " L'armée industrielle de réserve " a été depuis le début l'arme majeure du capital contre le travail. Il suffit de quelques " maquillas " au Sud, de quelques fuites de capitaux (par exemple, l'Italie en '77, la France en '81, la Grande Bretagne sous Wilson) pour calmer beaucoup de luttes et pour transformer des champions socialistes en "réalistes". Les travailleurs/euses du Nord font dès lors l'objet d'un double chantage: délocalisation et immigration de main d'oeuvre bon marché. Les efforts pour limiter celle-ci ne font qu'empirer le problème puisqu'elle se transforme alors en main d'oeuvre clandestine, sans droits, donc moins cher et plus difficile d'organiser. Le travail est ainsi parqué ou embarqué comme du bétail au gré des intérêts des employeurs, alors que le " libre " échange des marchandises, la mobilité absolue des capitaux et des prix de transport sans rapport avec son coût réel facilitent une réorganisation permanente de la production pour contrer les luttes populaires. Avec ses passeports et ses visas, cette nouvelle division internationale du travail reproduit quantitativement et qualitativement l'apartheid - mais à l'échelle mondiale. Masses reléguées dans des " patries " appauvries et forteresses riches et blanches pourvues de ghettos de sans droits. Aujourd'hui, la servante clandestine se banalise aussi à Genève.
A ces expulsions et déplacements massifs s'ajoutent des "clôtures" nouvelles. Car il ne suffit pas au capital de renverser le rapport de force avec le travail. Soit, les salaires baissent, mais cela crée un nouveau problème: qui va donc acheter la production si les travailleurs ne peuvent plus consommer autant? Et si la production stagne, où va-t-on investir les milliards de milliards qui s'amassent? Toujours à la recherche de nouveaux champs d'investissement pour les énormes capitaux accumulés, et alors que la réduction des salaires déprime la demande des productions traditionnelles, les transnationales cherchent à s'approprier, à marchandiser de nouveaux domaines, qui relevaient jusqu'ici des services publics, des activités non-monétaires ou des richesses communes gratuites : les communications, l'éducation, la santé, les semences, l'eau, les connaissances traditionnelles, la reproduction humaine (du travail ménager à la conception artifi cielle en passant par la culture, les loisirs et le sexe) et les prin cipes de la vie elle-même. Ces nouveaux domaines ont généralement aussi l'avantage de porter sur des produits de consommation obligée, dont personne ne peut se passer. Leur monopole implique donc des bénéfices garantis et un pouvoir absolu. (Une publication interne de Monsanto, géant de l'agro-business, explique candidement que " puisque l'eau est aussi essentielle à la vie que les semences, Monsanto se doit de le contrôler ". Premières victimes visées : le Mexique et l'Inde.) Mais le capital est aussi inquiet, car les luttes circulent et communiquent, entre ces millions de " wetbacks " et va-nus-pieds. Ce n'est pas un hasard si la majorité des personnes arrêtée lors des émeutes de Los Angeles provenait des terres dévastées d'Amérique Centrale. La centralisation du pouvoir et de la planification capitaliste à travers des institutions telles que le FMI, la Bm et l'OMC permet aussi une unification des résistances. Des cycles de luttes internationales spontanées se sont répandus dans le monde pour s'opposer à la politique du FMI/ BM. De 1985 jusqu'à la Guerre du Golfe, les luttes se sont centrées sur les travailleurs du pétrole au Venezuela, au Nigéria, en Algérie, en Zambie, etc. Dans les années 1990, Page 4
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